L’île de la Réunion dispose de son propre écosystème, proche de celui de la France métropolitaine bien entendu, mais avec des particularités à connaître pour ceux qui ne seraient pas familiarisés avec son univers. La population est particulièrement riche de ses diversités, originaires de France métropolitaine (les Z’oreilles), d’Afrique (les Cafres), d’Inde (Tamouls et Z’arabes), de Chine ou des îles toutes proches telles Madagascar, sans oublier les Créoles, cette grande population fait partie des richesses de l’ile. Un territoire qui devrait atteindre le million d’habitants vers 2040.
Point noir, son taux de chômage
En premier lieu, la fonction publique réunit un tiers des emplois salariés, ce qui constitue un équilibre de base en termes de revenu moyen des citoyens. En revanche, le taux de chômage est élevé, comme dans les départements d’outre-mer français en général, aux alentours de 20%. La Réunion se distingue cependant avec un halo du chômage équivalent à 80% des chômeurs, le taux le plus élevé des îles avec la Martinique. Pour rappel le halo désigne des personnes en recherche d’emploi, mais qui ne cherchent pas de façon active.
Les jeunes & l’emploi
En termes sociaux, c’est à la Réunion que le mouvement des Gilets jaunes a été le plus marqué, en particulier parce que le chômage des jeunes y est très élevé, se situant à 42%. Si l’on ajoute à cela le chiffre de 43%, le pourcentage de moins de 20 ans dans la population, on se rend compte que toute création d’emploi revêt une importance particulière. Les prestations sociales en espèces sont la seconde source de revenus des Réunionnais ; le marché réagit donc toujours rapidement aux revalorisations de ce type de revenus par une hausse de la consommation des ménages.
Des secteurs dynamiques
Si l’on observe les créations d’emplois de la dernière décennie, on s’aperçoit que la moitié trouve son origine dans les secteurs suivants : services à la personne, transports, tourisme, numérique. Ceci correspond aux secteurs repérés par les professionnels qui y ajoutent l’éco-tourisme, les nouvelles énergies et la recherche, de bonnes opportunités pour les créateurs d’entreprise. Il s’agit du secteur des services marchands qui domine l’économie réunionnaise. Hors services publics, ce secteur forme la colonne vertébrale du marché réunionnais avec plus de la moitié des entreprises. Le commerce est aussi à l’origine de plus de 80% des créations d’entreprise.
Une région ex-championne de croissance
On l’oublie parfois, mais la Réunion a été entre le début des années 90 et 2007 la championne de la croissance en France avec une moyenne de 5% par an en moyenne. L’immobilier a eu sa part dans cette courbe, avec des programmes de défiscalisation qui ont bien fonctionné. Résultat, la courbe de créations d’entreprises n’a cessé de progresser avec une belle constance depuis 2010.
Des signes encourageants
La crise sanitaire du printemps n’a pas épargné l’économie, mais les dispositifs de chômage partiel ont permis d’amortir le choc. Un élément important, car en 2019, la croissance avait connu une progression de +2,2% sur le territoire, grâce notamment à la consommation des ménages. Cette dernière profite aux sociétés locales, mais aussi aux importations. On enregistrait 7000 créations d’entreprises l’année dernière, et 6600 en 2018, la plupart sous le régime de la micro-entreprise, avec de belles croissances dans le secteur du service aux personnes et, de façon plus atypique, dans celui de l’industrie. La dynamique de création était donc bien présente avant la crise sanitaire et ne demande qu’à repartir.
Un coup de pouce de 2 milliards
La Réunion doit bénéficier de 1,7 milliard d’euros au titre des fonds européens, plus 300 millions dans le cadre du plan de relance, soit deux milliards d’euros en provenance de Bruxelles. Ces fonds doivent faire l’objet d’une utilisation planifiée pour une reprise économique en profondeur, et ce, jusqu’en 2023. Cette manne providentielle vient s’ajouter aux mesures d’urgence du gouvernement qui se sont élevées à 1,5 milliard d’euros. Comme en métropole, ce soutien se poursuit sur les secteurs les plus touchés, en particulier le tourisme, très important sur ce territoire.
Un plan de relance départemental
Le département n’avait pas attendu les annonces européennes pour mettre sur pied un plan de relance, qui mettait l’accent en particulier sur le virage attendu vers une production durable, respectueuse de l’environnement. De quoi permettre aux créateurs et repreneurs d’entreprises d’aller de l’avant y compris en cette année si atypique, mais qui consacre plus de moyens à l’économie que d’ordinaire. Si l’on regarde les chiffres d’un point de vue neutre, 2020 et les années qui suivent peuvent être des moments d’opportunités particulièrement intéressants pour les créateurs, grâce aux mannes financières destinées à remettre en route la croissance économique. Alors en dépit de tous ses aspects négatifs, 2020 sera peut-être la piste de décollage attendue pour de nouveaux départs.
L’économie collaborative en forme
Le circuit court connaît un grand succès à la Réunion et donne lieu à la naissance de nombreuses entreprises. Covoiturage, hébergement, échange de services, autant de concepts qui contribuent à une meilleure organisation de l’économie, ainsi qu’à la réduction des importations. Une plateforme telle que lemondedegoni.fr créée en 2018 à la Réunion prouve que le besoin existe. Les particuliers échangent des services gratuitement ou via les gonis, une monnaie fictive. Un modèle de troc sans argent basé sur l’économie collaborative. Aide à l’informatique ou garde d’animaux de compagnie, prêt de matériel, le monde des possibles s’ouvre à ceux qui font preuve d’imagination, comme nous le prouvent ces exemples gagnants d’entreprises réunionnaises.
SQUIRREL : Retour digital pour Thomas Lemaitre
Créé en 2014 par Frédérik Istace, « Squirrel » est un studio digital présent à Paris, Reims, mais aussi à l’île de la Réunion. Spécialisé dans le développement d’applications mobiles et dans la création de systèmes d’information, il travaille sur la France entière. A la Réunion, c’est Thomas Lemaitre qui a créé le bureau. Pourtant ce diplômé en informatique avait le choix d’aller partout où il le souhaitait ; le métier étant très porteur. C’est le retour dans sa belle île de la Réunion qui l’a emporté, il est donc revenu à ses origines mais s’est rapidement aperçu que le marché est différent, bien plus réduit, et qu’il était relativement difficile d’y trouver des postes à évolution. La solution qu’il a mise en place ?
Une association avec le fondateur de « Squirrel » afin de créer sa propre promotion en devenant directeur de l’agence web en charge du développement, un vrai job d’entrepreneur. S’associer avec une entreprise métropolitaine qui souhaite être présente en outremer, ou qui n’y a peut-être pas pensé jusque-là, voici qui est à envisager pour les entrepreneurs en herbe.
ZOTCAR : Michel Thiers & la mobilité partagée
Michel Thiers, le fondateur de l’entreprise a toujours voulu être indépendant. Fan de technologie, il se lance très tôt, et essuie un premier échec, comme souvent, ce qui le mène à reprendre un statut salarié. Pour autant, sa vocation de créateur était toujours présente et il repart à l’aventure en travaillant pour des start-ups. Il prend le temps de voyager à travers le monde, sans oublier de rendre visite à sa famille à la Réunion. A chaque fois, il se trouve face à la même galère pour trouver une location de voiture à prix compétitif. C’est cette constatation qui va faire son chemin et permettre au jeune homme de revenir sur son île et de lancer sa boite. Chose faite en 2016.
Son concept : utiliser toutes ces voitures de Réunionnais partis en métropole qui restent des jours entiers sur le parking de l’aéroport, et en profiter pour les louer pendant l’absence de leurs propriétaires. En un an, l’affaire est bouclée, grâce notamment à l’entrée de la jeune entreprise dans l’incubateur de la Technopole. Le jeune homme vient de lancer l’activité sur les Antilles qui ont les mêmes caractéristiques. Bien dans son temps, il est pleinement impliqué dans les défis futurs de son île, en particulier la mobilité. Il y a déjà 400 000 voitures sur l’île et des problèmes de circulation à répétition, l’auto-partage est l’une des solutions évidentes.
MARACOM : Alexandra Mara, la TPE de la com’
La jeune Alexandra a repris ses études après une expérience professionnelle dans le secteur de la com’. Ce passage lui a donné une idée de création d’entreprise : cibler les PME/TPE à la Réunion via sa propre agence de communication ; l’offre locale dans ce secteur étant essentiellement dédiée aux sociétés déjà bien établies. Maracom a été établie sur cette conviction : une TPE au service des TPE et petites PME. Ce sont ces dernières qui constituent le tissu économique essentiel du territoire. La jeune entreprise dispose d’une taille adaptée, propose un travail de qualité et des tarifs compétitifs pour les clients, voici qui lui permet de faire des projets d’avenir en abordant un nouveau domaine, celui de la formation, un terrain où les besoins des petites entreprises sont également croissants.
Source: Entreprendre.re