L’édition de novembre du magazine Wired ne sera pas une édition comme les autres. Pour cause, le Président de la nation la plus puissante du monde, en personne, sera le rédacteur en chef invité de Wired et explorera pour nous le futur des technologies et leur impact sur notre monde. Au programme, une réflexion sur l’intelligence artificielle, le point de singularité, les Google Cars, la colonisation de mars et bien d’autres sujets.
Je vous laisse découvrir les quelques vidéos en anglais disponible sur le site de Wired, ainsi qu’un petit résumé des points essentiels de la conversation de Barack Obama avec Joi Ito du MIT et Scott Dadichpas du magazine Wired, dans cette édition pas comme les autres, baptisée « Frontiers » pour l’occasion.
Le futur de l’intelligence artificielle
Pour Barack Obama, notre représentation de l’intelligence articielle est largement influencée par la science-fiction. Il différentie un scénario d’intelligence artificielle général qui semble encore lointain : « Les ordinateurs deviennent plus intelligents que l’Homme et le déclarent inutileā¦ ». Pour se concentrer sur les bénéfices de l’intelligence artificielle spécialisée, c’est à dire l’utilisation d’algorithmes appliqués à un domaine spécifique, l’intelligence artificielle spécialisée fait d’ores et déjà partie de notre quotidien et influence nos mode de vie mais à l’avenir il faudra analyser l’impact sociétal de l’intelligence artificielle car elle peut apporter de nombreux bénéfices, mais aussi modifier négativement de nombreux aspect de nos sociétés.
Le vrai sens de Star Trek
Nous apprenons que Barrak et un vrai « geek » fan Star Trek, et que ce qu’il retient de la série n’est finalement pas tant l’aspect science-fiction, mais les relations entre les personnages et l’inébranlable volonté d’aller de l’avant chez les héros, qui cherchent toujours un moyen de s’en sortir. Pour lui, c’est un aspect qui fait aussi de l’Amérique une grande nation.
Comment l’intelligence artificielle changera la sécurité nationale
A la question de savoir comment l’intelligence artificielle change la perception de la sécurité au niveau national, Barack Obama répond que le risque n’est pas tant un scénario de science-fiction qui voit les ordinateurs prendre le contrôle, mais bien des personnes mal intentionnées mettant à profit ces technologies pour attaquer des fondements de notre économie ou des cibles militaire. Un scénario d’intelligence artificielle généralisée pourrait être anticipé car de nombreuses avancés technologiques sont encore à faire. L’intelligence artificielle spécialisée représente un risque direct et réel car elle fait apparaître les lacunes dans les défenses et systèmes de sécurité mis en place. La cybersécurité étant encore un domaine nouveau, il faudra coordonner les efforts au niveau international pour prévenir tout risque et être efficace.
Bureaucratie et secteur privé
Au cours de la conversation, Joi Ito soulève un point important qui est le financement des recherches sur l’intelligence artificielle et le manque de budget des universitaires qui sont sans communes mesures avec les investissements fait par le secteur privé (des sociétés comme Google par exemple) mais aussi par l’armée. Il questionne donc l’utilisation qui sera faite et la finalité de ces avancés technologiques. Pour Barack Obama, les modes de financement sont à revoir et de nouvelles tendances apparaissent, notamment avec l’open source et les financements participatifs qui peuvent venir soutenir la recherche à condition d’avoir des valeurs de partages communes.
Comment l’intelligence artificielle changera-t-elle le marché du travail ?
L’un des risques qui vient à l’esprit de tous avec l’intelligence artificielle et la technologie en général est le fait de voir son emploi remplacé par une machine. Pour Barack Obama, historiquement, le marché du travail a « absorbé » les évolutions technologiques et de nouveaux métiers ont été créés. L’un des risques est de voir des emplois utilisant la technologie pour améliorer leur compétitivité, aller de mieux en mieux, les emplois à faible « valeur ajoutée » supprimés, et donc les inégalités sociales se creuser. Pour Joi Ito, c’est plutôt l’inverse qui risque de se passer : si un ordinateur peut identifier les maladies mieux qu’un médecin, il n’y aura plus forcément besoin de médecin mais un algorithme remplacera difficilement le travail d’une infirmière. La question reste donc ouverte, à savoir quels emplois risquent de disparaitre ou de se créer. Ce qui est sûr, c’est que notre relation au travail et à la distribution des richesses évoluera.
Comment améliorer le gouvernement avec la technologie ?
Barack Obama a deux réponses à cette question : la première est comment le gouvernement s’adapte aux nouvelles technologies pour rendre les services de l’Etat plus accessible, plus « user friendly » et il reconnaît qu’il reste encore pas mal de travail à faire en la matière. La deuxième est comment le gouvernement répondra aux grandes questions auxquelles il aura à faire face, notamment en matière d’énergie et de gestion des ressources pour éviter des catastrophes climatiques et mettre en place des énergies propres. Mais aussi la régulation d’internet pour assurer de la sécurité de tout en chacun sans pour autant exercer un pouvoir coercitif et pour finir comment l’humanité voyagera dans l’espace et comment l’Etat accompagnera cette aventure.
Comment adopterons-nous les voitures sans conducteurs ?
La question éthique de l’intelligence artificielle se pose : quelles valeurs allons nous coder dans une voiture capable de décider, en cas d’accident, qui du piéton ou du conducteur doit mourir (le Dilemme du Tramway) ? Pour Barrak Obama, le gouvernement se doit d’accompagner le débat et de réfléchir à la manière d’incorporer ces avancées technologiques et de faire évoluer la législation pour rendre leur utilisation acceptable et sécurisante pour le public. Pour Joi Ito, les études montrent que dans l’exemple ci-dessus, les individus trouvent moral de tuer le conducteur et de sauver le piéton, mais qu’ils n’achèteraient pas une voiture qui ferait le choix les tuer en cas d’accident. Il préconise donc de laisser aux individus la question de la moralité.
Joi Ito insiste aussi sur le fait que si la technologie permet de faire des choix, on ne peut pas forcément laisser le marché ou les individus décider de tout par eux-mêmes. Il prend pour exemple le syndrome d’Asperger (l’autisme). Nombreux sont les artistes et les génies tels Einstein ou encore Mozart, qui manifestaient des signes d’autisme. Supprimer les « mauvais choix » risque donc au final de dénaturer notre humanité qui, par définition, est imprévisible, ce qui fait que nous sommes ce que nous sommes.