Tendances

Est-ce la fin des licornes ?


Le mois dernier, on pouvait lire dans la presse  les difficultés d’Evernote, une ancienne startup valorisée aujourd’hui à plusieurs milliards de dollars et devenue une licorne.

Les licornes, malgré leur nom, n’ont rien de l’animal imaginaire. A vrai dire, leur nombre a carrément augmenté ces dernières années, comme l’atteste CB Insights, qui en dénombre actuellement 145 dans le monde. En revanche, les licornes s’observent surtout aux Etats-Unis, et plus particulièrement dans la Silicon Valley, leur écosystème d’origine.

 

D’où viennent les licornes ?

L’expression licorne (Unicorns en anglais) a été inventée par une femme, Aileen Lee. Cette spécialiste américaine du capital-risque a réalisé en 2013 une étude, démontrant que moins de 0,1% des entreprises dans lesquelles investissaient les fonds de capital-risque atteignaient des valorisations supérieures à 1 milliard de dollars.

Soucieuse de réserver une bonne publicité à son étude, elle a cherché un terme vendeur pour qualifier ces pépites. Elle a trouvé le mot « licorne » parfait:

« Renvoyant à quelque chose de rare, relié au rêve et à l’heroic fantasy, une culture totalement compatible avec celle des geeks, le terme romance l’histoire des entreprises technologiques: il les fait passer de quelque chose de lointain et de compliqué à quelque chose de magique et même sympathique, tout en étant rare et puissant »,

Ailee Lee expliquait dans une interview à  l’International Business Times la genèse de l’expression. La suite est allée très vite. Publié par Techcrunch fin 2013, le terme a tout de suite pris.

 

 

La bulle des licornes

Les licornes, aux Etats-Unis, ont une caractéristique commune. Elles contribueraient à faire gonfler une nouvelle bulle.  Une bulle qui n’est pas boursière, comme dans les années 2000, mais qui est née du fait que des investisseurs privés misent des sommes colossales sur des entreprises, leur faisant atteindre des niveaux de valorisation sans commune mesure avec les profits qu’elles génèrent.

Les Uber, Twitter, Snapchat, Airbnb, Pinterest et autres brûlent aussi énormément de cash, comme leurs ancêtres de la bulle internet.

Pourquoi les fonds placent-ils autant d’argent dans ces licornes ? Tout d’abord parce que les investisseurs ont beaucoup de liquidités à placer. Ils savent qu’une valorisation élevée facilite le recrutement de nouveaux investisseurs, tout comme elle assoit une réputation. Ils peuvent ainsi profiter d’un cercle vertueux.

Ensuite, d’autres mécanismes, plus complexes, sont à l’oeuvre. Les licornes font saliver les fonds d’investissement avec des indicateurs financiers non conventionnels, qui mettent leur business en valeur, ce qu’elles ne peuvent pas faire quand elles s’introduisent en Bourse.

De leur côté, les investisseurs, notamment ceux qui placent d’habitude plutôt leur argent en Bourse, comme les fonds de pension, les fonds souverains et les fonds spéculatifs, mettent en place des mécanismes leur garantissant un maximum de protection en cas de baisse de la valorisation lors de tours de table ultérieurs ou de vente. Ce qui alimente la bulle…

Si cette bulle-là explose, ce ne sera pas en raison d’une revente massive de titres, mais d’introductions en Bourse ou de rachats à une valorisation corrigée. Une chose est sure, toutes les licornes ne survivront pas !

 

 

Est-ce le début du règne des cafards?

Certains annoncent meme une peste qui tuera les licornes, prédite par les Tech gurus et certains analystes. Partout dans le monde une bulle gonflée par des valorisations exagéré et non durables, d’un marché boursier instable, d’une Chine au marché morose, et des séquelles d’un enthousiasme excessif tout les indicateurs semblerait pointer vers l’inévitable.

Les licornes dans leur chute entraîneront beaucoup de startups plus petites qualifiées de « unmythical ».

Depuis de nombreuses années les acteurs du capital-risque ont suivi une stratégie d’investissement basée sur les Licornes. La sagesse nous dit que les bonnes choses prennent du temps et se produisent lentement pourtant, ces dernières années nous avons tous pu constater la facilité de l’accès aux investissements.

Si les bonnes choses prennent du temps, les mauvaises arrivent vites et les hauts et les bas sont inévitables.

Qui va survivre? Comme toujours, les cafards moins glamour, mais très résistants. Ils ont survécu à l’astéroïde apocalyptique et l’extinction des dinosaures. Ils peuvent vivre pendant six semaines sans nourriture. Ils ne sont pas exigeants sur ce qu’ils mangent et n’ont pas besoins de grand chose pour survivre et proliférer.

Les entreprises qui veulent survivre à la crise à venir auront besoin de se déplacer rapidement, de réduire les coûts, et d’un plan pour un avenir sans énormes ressources. Ils devront licencier du personnel, déplacer leur bureau des centre-villes chers, tuer les projets qui vont nulle part bref apprendre à vivre avec moins. Il est toujours temps d’être la fourmi et non l’abeille « RIP Good Times » …

La bonne chose est que les startups seront obligés d’être plus créative dans ce qu’elles construisent, plus intelligentes au sujet de qui elles embauchent et comment la société utilise son temps. Les contraintes inspirent aussi au final  la créativité.

L’âge des Licornes se termine, mais l’âge des cafards commence.

 

To Top