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Le Web 4.0

web 4.0

Lors d’une session animée avec nos camarades du LUGM où nous avons eu l’occasion de discuter du futur du Web, cela m’a donné l’idée de vous faire partager une version simplifiée (pour ne pas dire carrément réécrite à ma sauce…) d’un des articles qui m’a le plus marqué cette année : l’article d’Olivier Ertzscheid sur le web 4.0.

Petit rappel historique des faits pour commencer:

Le web 1.0 (1998-2006) : L’indexation des documents… merci Google !

En moins de dix ans, Google est parvenu à indexer tous (ou presque) les documents disponibles en ligne. Enfin, probablement moins de 5% des documents effectivement publiés sur le réseau mais disons qu’il aura fallu huit années à Google pour parvenir à indexer suffisamment de documents pour s’assurer d’éliminer ses concurrents (Yahoo et autres) et stabiliser ses parts de marché le plaçant en situation de quasi-monopole.

Le Web 2.0 (2004-2015) : L’indexation des profils … merci Facebook !

Il aura fallu 10 ans à Facebook pour indexer tous les profils disponibles. Ok pas « tous » les profils mais près d’un milliard et demi soit la moitié de la population connectée. Là encore, 10 ans pour indexer « suffisamment » de profils pour s’assurer d’éliminer la concurrence, de stabiliser des parts de marché le plaçant en situation de quasi-monopole, et, dans les usages autant que dans notre inconscient collectif, pour devenir le passage obligé de notre entrée dans le numérique.

Alors où allons nous ?

Le Web 3.0 (2015-2030) : L’indexation des objets connectés … merci qui ?

Le web 3.0 ne fut finalement pas celui annoncé du web sémantique. Nous sommes actuellement dans une phase de transition qui est celle de « l’Internet of Things » (IoT), celle où tout objet devient une interface comme les autres (l’Apple Watch et les Google Glass cela vous rappelle quelque chose). Que sera alors vraiment le web 3.0 ? A n’en pas douter, celui des objets… le fameux IoT. Il faudra probablement une quinzaine d’années pour qu’un nouvel acteur parvienne à indexer la totalité des objets connectés, mais cela reste de la spéculation. Pourquoi 15 ans ? Parce qu’il en a fallu moins de 10 pour indexer documents et profils, parce que la masse critique nécessaire à atteindre pour qu’un acteur domine le marché sera supérieure à celle des documents et des profils (Il existe déjà plus de smartphones que d’humains sur la planète), et parce qu’il faudra régler de légers détails techniques liés aux protocoles qui permettront cette indexation.

DoProThings. Documents. Profils. Objets (« Things »). Quand documents, profils et objets seront tous indexés, quand les interactions « ambiantes » au travers de capteurs embarqués à même notre corps ou disséminés dans notre environnement quotidien seront devenus la norme, quand la traduction technologique de cette convergence se traduira principalement au travers de l’usage d’assistants intelligents à commande vocale omniprésents, que se passera-t-il alors ? Alors l’ensemble de ces « milieux » numériques se trouveront progressivement reliés.

Le web 4.0 (2030-20??) … ?

Que restera-t-il alors à indexer ? Qu’est-ce qui, aujourd’hui, échappe encore à une indexation, à une documentation exhaustive pour structurer un marché au niveau mondial et pour générer de nouveaux effets de rentes prometteurs ?

Le génome. Notre génome. Notre ADN. Acide Désoxyribo-Nucléique. Accès aux Données de la Nature. Le Web 4.0 sera celui du génome. Nous nous rapprochons, avec l’Internet des objets d’un ‘système nerveux numérique’ dans lequel chaque ‘produit’ deviendrait possiblement un ‘service’. Nous passerons, avec l’Internet du génome, à la métaphore de la cellule, de la molécule (ADN).

Le point de singularité

Lorsque ces quatre réseaux (DoProThings ADN)  commenceront à coexister, alors nous aurons atteint un point de singularité technologique tout à fait essentiel dans l’organisation des activités humaines.

C’est en effet l’ensemble de nos comportements, de nos activités, personnelles, sociales, professionnelles, des plus anodines (faire ses courses) aux plus essentielles (apprendre, se soigner), qui seront entièrement mesurées, régulées, organisées et ‘médiées’ par un complexe technico-algorithmique dont il sera devenu impossible de s’abstraire.

Les impacts sociaux seront absolument considérables et restent à ce jour, à de rares exceptions près, totalement impensés : vie familiale, temps de travail, modes d’apprentissage, modèles économiques, etc… tout changera.

On commence à réfléchir pas mal autour de la notion de ‘digital labor’ et de disruption. Mais ces deux phénomènes sont analysés en miroir aux modèles actuels qu’ils tendent à remplacer alors qu’il faudrait, pour s’y préparer et en prendre la pleine mesure dès aujourd’hui, les poser comme postulats de départ non-négociables de l’organisation de la société du XXIIe siècle.

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