Une étude a démontré que passer plusieurs heures par jour en visioconférence sur des logiciels comme Zoom pouvait avoir un impact négatif sur notre estime de soi, plus particulièrement chez les femmes.
Zoom pourrait dégrader votre estime de soi
Au cours de ces dernières années, nous avons passé plus de temps que jamais sur des programmes de vidéoconférence comme Zoom, Microsoft Teams, Skype et FaceTime. Ces applications permettent de simuler une rencontre en ligne, et les utilisateurs peuvent ainsi voir les personnes avec lesquelles ils communiquent. Mais contrairement aux communications en personne, ces programmes montrent aux utilisateurs une vidéo d’eux-mêmes. Au lieu de s’apercevoir occasionnellement d’eux-mêmes dans un miroir, les gens se regardent maintenant durant des heures tous les jours.
Or, une étude d’une équipe de psychologues de l’université de Floride Sud a révélé que plus les femmes se concentraient sur leur apparence durant les appels vidéos, moins elles seraient satisfaites de leur apparence. Par ailleurs, les femmes passant le plus de temps sur Zoom ou tout autre outil de visioconférence aurait une plus mauvaise image d’elles-mêmes que leurs homologues masculins. Elles présenteraient également une certaine fatigue de ce mode de conversation plus prononcée.
Par ailleurs, toujours d’après cette étude, elles seraient souvent encouragées à activer leur caméra dans l’idée que cela pourrait les avantager, et qu’être séduisante en vidéo pourrait les conduire à se montrer plus convaincantes en entretien ou en réunion. Un vaste corpus de recherches montre en effet que paraître attrayant a des avantages sociaux et économiques tangibles, pour les femmes plus que pour les hommes.
Un phénomène d’auto-objectification
Ces résultats découlent d’un phénomène que les chercheurs nomment auto-objectivation. Il s’agit là d’un phénomène psychologique qui conduit les personnes à se traiter comme des objets que l’on observe.
Sans surprise, le corps des femmes est bien plus souvent objectifié que celui des hommes. Parce que les femmes et les filles sont élevées au sein d’une culture qui donne la priorité à leur apparence, elles intériorisent l’idée qu’elles sont des objets. Par conséquent, les femmes s’objectivent, se traitant comme des objets à regarder.
Les chercheurs étudient l’auto-objectivation dans des études expérimentales en demandant aux participants à l’étude de se concentrer sur leur apparence. On mesure ensuite leurs résultats cognitifs, émotionnels, comportementaux ou physiologiques. La recherche a montré que le fait d’être près d’un miroir, de se prendre en photo et de sentir que son apparence est évaluée par les autres augmente l’auto-objectivation. Donc, lorsque vous vous connectez à une réunion virtuelle, vous faites essentiellement toutes ces choses à la fois.
Mais l’auto-objectivation a des conséquences très concrètes. Il a été démontré par exemple qu’une femme éprouvant de la honte à se voir dans un nouveau maillot de bain va modifier considérablement son alimentation. Mais elle peut aussi avoir, dans plusieurs cas, des difficultés dans l’apprentissage de certaines matières comme les mathématiques. Les femmes sujettes à l’auto-objectivation peuvent également éprouver des dégradations de leurs performances motrices que ne rencontreront pas d’autres femmes, ou encore une capacité réduite à évaluer et à exprimer leurs émotions ou leur ressenti.
Les chercheurs invitent donc toutes les femmes pouvant se sentir concernées par ce mécanisme à désactiver autant que faire se peut leur caméra lors des réunions Zoom et à se protéger du regard des autres si elles en ressentent le besoin, afin de protéger leur santé mentale sur le long terme.