Alors que les économies du monde entier sont contraintes de s’adapter à la « nouvelle normalité », COVID-19 a accéléré l’utilisation des innovations numériques dans le domaine du paiement, avec en parallèle les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) d’utiliser les méthodes de paiement sans contact pour réduire les risques de contamination. Dans ce contexte, la Mauritius Africa Fintech Hub (MAFH) a tenu la troisième séance de sa série de wébinaires le 30 juillet sur le thème des « Opportunités et défis pour FinTech post-COVID à Maurice : L’avenir des paiements numériques ».
Ce thème a été abordé par les panélistes : Aswin Ramduny – Chef des systèmes de paiement, la Banque de Maurice (BdM) ; Sébastien LeBlanc – Fondateur et directeur, MIPS ; Tilotma Jhurry – Chef de la division des systèmes de paiement, la Banque de Maurice (BdM) ; et Vincent Chatard – Directeur des opérations, la Banque commerciale de Maurice (MCB). La session était animée par Darren Franks, fondateur et CEO de TalentintheCloud International, un cabinet de recherche de cadres qui se concentre exclusivement sur le secteur FinTech.
Paiements numériques dans une île Maurice post-COVID
Au sujet de la situation des paiements numériques pour une île Maurice post-COVID, Vincent a souligné que le confinement est arrivé très soudainement et a entraîné une augmentation considérable des paiements numériques. La MCB a connu un grand essor dans l’utilisation des cartes, notamment du côté de l’e-commerce, et a noté ce qui suit :
- 14,000 nouveaux clients e-commerce
- Plus de 373% de nouveaux commerçants en ligne
- L’activité des consommateurs s’est intensifiée sur des produits de base tels que les denrées alimentaires, ce qui a entraîné une augmentation de 400 % des transactions de commerce électronique en volume
- La MCB a considérablement investi dans le tap-and-go et la reconfiguration des points de vente (PDV), et a augmenté les limites de ses activités sans contact à 2 500 roupies
- Presque 4 fois plus de transactions sans contact
La MCB a également constaté une utilisation conséquente des chaînes mobiles, selon Vincent, avec 200 % de paiements de plus par Juice pendant la période de confinement. Les paiements effectués par mobile ont augmenté de 20 % en termes de valeur après le confinement. Pendant le confinement, la banque a enregistré une baisse de 20 % des transactions bancaires par internet et a observé une diminution de 50 % du nombre de retraits d’espèces aux distributeurs automatiques.
Les PME s’adapteraient plus rapidement que les grandes entreprises
Par rapport aux défis auxquels les PME sont confrontées lorsqu’elles adoptent les paiements, Sébastien a mentionné que les PME s’adapteraient plus rapidement et plus intelligemment que les grandes entreprises, mais que le principal défi se situe au niveau de la logistique. Il indique que les commerçants savent vendre mais ne savent pas comment passer au numérique, et que beaucoup d’entre eux n’étaient peut-être pas équipés de par leur culture interne pour passer rapidement au numérique. « Le numérisme a été imposé à l’écosystème et les commerçants ont dû se tourner vers le numérique », a déclaré Sébastien.
En prenant la parole au nom de la Banque de Maurice, Aswin a observé que la FinTech serait là pour simplifier la finance et apporter de la facilité aux clients. « Les cartes étaient là, mais nous n’avons pas vu de traction. Nous avons vu des paiements mobiles, mais ils n’étaient pas interopérables. » Il a expliqué que le National Payment Switch, appelé MauCAS, cherchera à résoudre un certain nombre de ces problématiques, et que toutes les banques de Maurice devront être intégrées au système de paiement instantané (IPS) d’ici le mois d’août, qui fait partie de MauCAS, ce qui favorisera l’interopérabilité des paiements, y compris l’interconnectivité avec les FinTechs.
Aswin a expliqué que la Banque de Maurice s’aligne sur les recommandations du FATF sur l’identité numérique et considère actuellement un encadrement pour l’embarquement numérique des clients. Il a mentionné qu’ils travaillaient également sur un registre e-KYC. Il a été souligné que la Banque de Maurice a développé un système national de codes QR, ce qui signifie que tout code QR de n’importe quel participant de cet écosystème sera accepté par tous les participants, et que la Banque se dirige également vers l’utilisation d’un Central Bank Digital Currency.
Sur le plan réglementaire, Tilotma a expliqué que la Banque de Maurice présentera très prochainement une réglementation pour les fournisseurs de services de paiement / Payment Service Providers. « Le National Payment Systems Act offre un cadre favorable aux nouveaux entrants mais préserve également les intérêts des consommateurs. Aujourd’hui, l’argent circule sur nos téléphones portables, c’est pourquoi nous avons besoin de réglementations pour garantir la protection des consommateurs », a-t-elle déclaré.
Dans le cadre de la participation de FinTechs au Instant Payment System (IPS), Tilotma a confirmé que la Banque de Maurice a déjà un opérateur mobile à bord, avec un deuxième participant au stade de la pré-certification, et que d’autres demandes de licences sont en cours de traitement.
Pour conclure, Lisa Dosooye, Head of Skills and Capacity training à la MAFH, a mentionné que MAFH mènera cette année une autre version de l’enquête sur l’écosystème de MAFH, qui devrait être publiée en octobre. Elle a également mentionné qu’à partir de cette recherche, MAFH va s’étendre à des domaines tels que le développement des compétences pour voir comment ils peuvent améliorer les aptitudes du secteur pour répondre aux demandes du public.
À PROPOS DE MAURITIUS AFRICA FINTECH HUB (MAFH)
La Mauritius Africa FinTech Hub est un écosystème à expansion constante où des entrepreneurs, des sociétés, les gouvernements, des experts en technologie, des investisseurs, des fournisseurs de services financiers, des universités et des institutions de recherche peuvent collaborer pour construire des solutions de pointe pour le marché africain émergent. MAFH existe pour permettre aux entreprises internationales de FinTech et aux fournisseurs de services financiers d’accéder au marché africain. De même, MAFH facilite les entreprises africaines de FinTech à faire des affaires au-delà des frontières.