Depuis quelques années, nous constatons une effervescence dans le marché mahorais et cette fin d’année 2019 est un véritable coup de boost. L’Etat français à décider d’investir les milliards promis de façon structuré dans le projet de développement économique #OuiMayotte et surtout une volonté accrue de reconnaissance régionale de Mayotte. Ce développement se fait tout d’abord avec les grands projets structurels (port, aéroports, route et construction d’école) pour être un arrière-hub du canal de Mozambique, une fois l’exploitation gazière du Mozambique lancée. Aliakbar Kassamaly nous livre son analyse.
Mayotte dans l’échiquier du commerce international
Tout cela est très encourageant sur le papier mais dans les faits ces projets mettront 2 ou 3 ans avant d’éclore. Entre temps pour les acteurs locaux, il est crucial de se préparer et d’adapter aux changements de contexte économique à venir : plus de concurrence, plus de connectivité et plus de réactivité. Mayotte entrera dans l’échiquier du commerce international où les règles sont à mille lieux de l’actuel et unique axe Paris-Mayotte.
Trouver des personnes qualifiées et motivées
Un des problèmes récurrents est le manque de personnes qualifiées et motivées lorsqu’une entreprise se décide de passer à une étape supérieure de développement. Les étudiants mahorais quittent pour 80% le territoire pour leur étude et ceux qui réussissent ne reviennent pas. Les ressources humaines des entreprises sont en recherche constante de talents, toujours avec la peur de l’erreur de recrutement à cause de ces conséquences financières et administratives. Les collaborateurs qualifiés sont souvent débauchés hors de Mayotte : Réunion, France, Madagascar… L’octroi du visa travail reste un casse-tête pour les entreprises et se paye cher avec un grand risque que le travailleur immigré reparte de Mayotte car l’adaptation à la vie mahoraise n’est pas aussi facile que dans les îles voisines.
Une économie qui n’a rien à envier à ses voisins régionaux
Avec une économie en épanouissement, une population (très jeune) et un niveau de vie plus élevé que tous les voisins régionaux (sauf la Réunion), Mayotte doit trouver son avantage compétitif. C’est là que les TICs jouent un rôle crucial. La participation de Mayotte à des compétitions régionales comme la WebCup montrent que l’île n’est pas en reste de talents dans ce domaine. Une équipe mahoraise a même remporté le concours en 2015. Aujourd’hui le secteur des TICs compte environ 90 entreprises.
Le secteur des TICs est une opportunité pour les talents mahorais car les services qu’ils peuvent proposer peuvent être compétitives contrairement à l’industrie ou le commerce où les coûts de fonctionnement sur un territoire français jouent en leur défaveur. Cette dynamique doit aussi pousser les jeunes talents vers l’entreprenariat, aujourd’hui le taux de chômage est encore de 30%[1], donnant un autre mauvais record à notre île.
Une croissance rapide du monde du travail
Un autre avantage des TICs pour les talents mahorais, la flexibilité et mobilité. Le monde du travail est en train d’évoluer très vite et Mayotte prend le train en route dans ce secteur. Les longues carrières dans un même groupe se font plutôt rares. Avec ces nouveaux métiers, les talents peuvent agir, s’auto-former continuellement aux nouvelles techniques sans pour autant mettre en danger la vie des sociétés dans lesquels ils interviennent. Ce changement d’attitude doit être intégré dans les stratégies des RH et expliquer aux gérants de société plus « traditionnelle ».
Le secteur privé doit être l’investigateur de la transformation de Mayotte en société de service qualifié. C’est seulement à cette condition que Mayotte pourra se positionner comme acteur régional sérieux.
[1] Chiffres de l’INSEE, novembre 2019