C’est le métier qui l’a choisi, dit-il. Danajee, 22 ans, est 2D game artist, ou concepteur de jeux vidéo. Il nous a accordé quelques minutes pour répondre à nos questions et vous faire découvrir son métier.
Danajee, tu es 2D game artist. Peux-tu nous dire en quoi consiste ce métier ?
Le 2D game artist, ou concepteur de jeux vidéo, est chargé de réaliser ce que l’on appelle une interface, qui est divisée en plusieurs sections, appelées des assets. Dans le milieu du jeu vidéo, ces assets sont constitués par les personnages, l’environnement et la barre d’état.
Pour t’aider à mieux comprendre, on va prendre l’exemple du jeu Super Mario. Mario est le personnage principal du jeu. Les arbustes et les buissons, les nuages et les briques au sol font partie de l’environnement et demeurent intacts, c’est-à-dire qu’ils n’ont aucune incidence sur le déroulement du jeu, ils sont là pour enrichir l’aspect visuel. En revanche, les tuyaux et les briques au-dessus du personnage entraînent une interaction avec le joueur. Ce sont des bonus ou des obstacles pour Mario. Et, dans ce jeu, la minuterie, le monde et le score sont affichés dans la barre d’état, en haut.
Le concepteur doit prendre tous ces points en considération pour établir la partie visuelle du jeu sur lequel il travaille.
Quel a été ton parcours avant d’atterrir dans ce domaine, et depuis combien de temps exerces-tu en tant que 2D game artist ?
Je suis concepteur de jeux vidéo depuis six mois. C’est le premier job que j’ai décroché à l’issue de mes études à l’université. Je n’envisageais pas spécialement de devenir 2D game artist, ce n’est pas une profession très connue à Maurice. Cependant, j’étais, et je suis encore, intéressé par la peinture numérique (digital painting) et la conception de personnages.
A l’université, il y avait un module en graphisme au cours duquel nous devions concevoir et développer une animation flash, donc rendre fonctionnel le jeu au moyen de codes. C’est de là qu’est venu le déclic, et je me suis dit que c’était intéressant. Enfin, en dernière année, je devais réaliser un FMP, Final Major Project, le sujet était libre tant qu’il était lié au graphisme.
Il y avait le plus commun, l’identité visuelle des entreprises avec la conception de cartes de visite, de papier à en-tête, d’image de marque, d’affiches et de sites web. Il y avait aussi la 3D, la réalisation de livres illustrés pour une meilleure compréhension… Bref, tout ce qui a trait à la communication visuelle. De mon côté, j’ai opté pour la conception d’un jeu de plateau. Le thème n’est pas très répandu. J’étais conscient du fait que j’aurais sûrement des difficultés à trouver un boulot avec un tel projet et que je prenais un risque, d’autant plus que ces FMP étaient destinés à être présentés à de nombreuses agences à l’occasion d’une exposition organisée par l’université en fin d’année. Mais, c’était aussi une occasion pour moi de sortir du lot et de bousculer la chance pour me faire embaucher.
Alors oui, j’ai pris le risque, j’ai rencontré pas mal de difficultés mais au final, j’ai réussi à boucler mon projet et je peux dire que j’étais content, car j’ai pu révéler ma créativité et enrichir mes compétences en conception de personnage de jeu vidéo.
Peut-on se former tout seul au métier de concepteur de jeux vidéo ?
Pour ma part, j’ai obtenu un Diplôme national d’études supérieures en création graphique (Higher National Diploma in Graphic Design) au Fashion and Design Institute de Maurice. Le diplôme est décerné par Pearson UK, un établissement d’enseignement britannique.
Je pense qu’il est fort utile d’avoir un professeur à même de te guider dans le cadre de ton projet. Il y a beaucoup de recherches, d’analyses, d’études de marché et de ciblage à faire pour trouver le design idéal d’un jeu. Un professeur au fait des nouvelles technologies et de la peinture digitale est d’une grande aide.
Comment se présente un projet de jeu vidéo, et quel est ton rôle dans le cadre de ce projet ?
En premier lieu, il y a le concept du jeu : la trame, le nombre de joueurs, les règles et le but du jeu. Puis, étape indispensable et décisionnaire, le brainstorming avec le développeur. En effet, c’est lui qui jauge la faisabilité du projet. C’est à ce moment-là que l’on discute et étudie les assets interactifs à mettre en place dans le jeu. Troisièmement, j’effectue des recherches, des analyses et des croquis sur le thème choisi, et je commence à mettre en place les assets un par un. Il faut aussi définir les mouvements du ou des personnages, puis les assembler pour avoir une idée de ce à quoi va ressembler le jeu. L’avant-dernière étape consiste en l’exportation des assets, que j’envoie au développeur afin qu’il s’occupe de la partie code. Enfin, on effectue les corrections si nécessaire, on teste et re-teste le jeu avant de le proposer à des utilisateurs.
Quels sont les outils avec lesquels tu travailles au quotidien ?
Je travaille avec des logiciels tels que Photoshop et Illustrator. Pour les animations, qu’on appelle aussi les Sprites, j’utilise Texture Packer.
Le domaine du graphisme est vaste et offre de nombreuses possibilités. Pourquoi as-tu choisi ce métier plutôt qu’un autre ?
On dit qu’on ne choisit pas son métier mais que c’est le métier qui te choisit. Eh bien, j’ai vérifié l’adage et je confirme ! Je ne m’attendais pas du tout à devenir 2D game artist !
Si tu devais citer cinq qualités indispensables pour percer dans la profession, lesquelles seraient-elles ?
- Etre imaginatif. Tu ne peux pas te borner à un seul thème lorsqu’une idée germe dans ton esprit.
- Etre créatif. Tu dois savoir comment donner du corps à ton personnage et à son environnement. Ces deux éléments sont primordiaux pour que le joueur accroche à ton jeu.
- Etre patient. Parfois, c’est le trou noir et tu te retrouves bloqué. Là, tu ne peux que faire une pause et t’aérer l’esprit pour reprendre de plus belle.
- Etre ouvert aux critiques.
- Etre ouvert à la communication, un pilier pour que le projet se déroule comme il se doit tant chez le concepteur que chez le développeur du jeu vidéo. Vous devez savoir communiquer et trouver des terrains d’entente.
As-tu des collègues, des amis qui exercent le même métier que toi à Maurice ?
C’est un domaine encore peu répandu, très peu de studios proposent le poste de 2D game artist. Je ne connais donc personne dans mon cercle qui exerce ce métier.
Est-ce difficile de trouver du travail dans ton domaine ? Quelles sont les difficultés auxquelles tu fais face dans le cadre de ton métier ?
Comme je l’ai déjà dit, très peu de studios proposent le poste de game artist en tant que tel. Cependant,game artist rime presque avec créatif. Tu peux dessiner, donc tu peux être dessinateur, illustrateur, digital artist, créer des story boards… Tout dépend de ta créativité, de ta façon de faire et de tes techniques de communication visuelle. Le domaine du graphisme est vaste et offre de nombreuses possibilités de métiers.
Y a-t-il un conseil que tu aimerais donner aux aspirants game artists de la région ?
Les gars, je sais que nous sommes peu nombreux dans ce domaine, autant que les offres d’emploi. Mais ne vous découragez surtout pas. Avec l’arrivée des applications mobiles, les opportunités ne s’adressent pas qu’aux développeurs. Nous, on est là pour toute la partie conception de l’interface et des assets de l’application, qu’il s’agisse d’un jeu Apple, Android ou HTML5. Notre boulot a de l’importance…