La Déchetèque est une plateforme internet destinée à la valorisation des matériaux par la réutilisation. Il s’agit d’un guichet unique sur lequel trouver et mettre à disposition des matériaux de seconde main. En résumé, elle invite les particuliers comme les entreprises à utiliser sa future marketplace et devenir des acteurs de l’économie circulaire à Maurice. Rencontre avec Stéphanie Bouloc, la fondatrice.
Bonjour Stéphanie, qu’est-ce qui vous a poussé à concrétiser la Déchetèque ?
Un constat de terrain qui m’a fait réaliser qu’il y avait des matériaux oubliés encore réutilisables, dans les entreprises ou dans les gorges, dans les garages ou les cours des particuliers et que d’autre part il y avait des artistes, des ONG, des habitants et des entreprises, tous désireux de trouver des matériaux indisponibles à Maurice. Il était donc évident pour moi qu’il fallait que ces 2 mondes se connectent, c’est du bon sens de mettre en relation les possesseurs de gisement et ceux qui en cherchent. Bien sûr la connaissance de la saturation de Marechicose, et de la gestion de déchets dans le monde en général présent dans mon esprit, étaient un prétexte supplémentaire pour m’alarmer à trouver une des solutions possibles. De plus j’ai 15 ans d’expérience dans l’économie circulaire, monté des recycleries en France, et toujours été engagée dans le développement Durable, c’était donc une évidence. Mais le vrai déclencheur pour passer à l’action a été de gagner la compétition Climate Launch Pad en 2020 à Maurice, une récompense inattendue tant les projets à mes côtés étaient révolutionnaires et technologiques. C’était donc un engagement personnel d’aller au bout du projet et de le concrétiser sous forme de start-up pour répondre à l’intérêt suscité par le jury, les entreprises et les artistes rencontrées en amont.
Comment les utilisateurs peuvent-ils profiter de la plateforme ?
Vous pouvez être « utilisateur vendeur », ou « utilisateur acheteur », ou tout simplement venir regarder quels produits sont disponibles sur la plateforme, avant de vous inscrire. Si vous êtes une entreprise vous payez une souscription d’accès annuel, si vous êtes un particulier c’est gratuit. Dans tous les cas, il faut adhérer à la plateforme pour être membre et pouvoir faire des transactions. L’idée est de mettre à disposition les matériaux réutilisables, comme des chutes de chantier, des restes de carrelage, des morceaux de tôle, ou un stock dormant depuis trop longtemps afin de valoriser celui-ci en le proposant à quelqu’un d’autre qui en aura une utilité à un prix moindre qu’un matériau neuf. Il n’a pas pour vocation de proposer les objets de sport, de loisirs, ni les bouteilles, les cartons, le papier ou le tissu. Il y a déjà les collecteurs et recycleurs enregistrés officiellement qui ont créé les filières correspondantes.
Dans la description de la Déchetèque, on nous parle d’agilité, d’innovation, de rapidité et la création d’un tel outil requiert des compétences ainsi que des connaissances techniques pour respecter cette vision. Quels moyens digitaux ont été mis en œuvre ?
Toute la partie digitale a été réalisée par Clea et Samuel Mamet. Ils ont réalisé un travail formidable. N’étant pas du métier des I.T. ils ont dû déchiffrer mes propos, comprendre ma vision et mes exigences pour offrir la solution qui est en ligne aujourd’hui.
« (…) la viabilité économique du réemploi est une condition sine qua non pour sa généralisation ». Une plateforme telle que la Déchetèque peut sans nul doute faire la différence. Quelles sont les prochaines étapes de son développement ?
Laissez-moi déjà savourer le lancement en ligne ! Cela représente 1 an de travail pour en arriver là. Mais j’ai bien évidement une vision plus large que la marketplace qui est un outil concret d’économie circulaire accessible à tous. Elle a pour vocation à devenir une vitrine incontournable de gisement de matériaux pour Maurice puis pour l’Océan Indien qui a des problématiques similaires, puis se développer comme un lieu d’information, de partages, de ressources, d’expertises, de collaboration et d’expériences autour de l’économie circulaire