Lorsque nous évoquons le secteur du « web development », une image se forme naturellement dans notre tête… celle d’un homme assis derrière son ordinateur, concentré, maître de son sujet. Cet univers, il faut le dire, a été majoritairement masculin jusqu’à présent. Pour « casser » ce cliché, la Redac d’Ict.io vous propose de découvrir le monde du développement web depuis une perspective radicalement différente ! Rencontre avec celle qui était surnommée le petit colibri de l’île en France, Reena Seetohul…
L’informatique, un univers perçu depuis toujours comme masculin et uniquement masculin. Fort heureusement, ces dernières années ont vu ce domaine se féminiser, à tel point que nous retrouvons des femmes à la tête d’entreprises spécialisées dans ce secteur.
La Redac d’Ict.io est allée à la rencontre de l’une d’entre elles, Reena Seetohul, qui jongle avec les données informatiques. C’est ainsi que le mardi 24 avril, nous avons fait la connaissance de la Responsable de Communication et du Marketing chez ASTEK Mauritius. Si ce titre semble à mille lieues de concerner le développement web, détrompez-vous, car Reena possède plusieurs cordes à son arc… et quelles cordes !
Portrait d’une femme issue de la diaspora mauricienne établie en France, revenue à Maurice, qu’elle aime, et pour la citer, «j’adore Strasbourg, mais le froid m’est insupportable. »
Qui est donc Reena Seetohul ?
« Je suis maman de deux perles de l’océan Indien, mon cœur à la forme de l’île Maurice, je suis née et j’ai grandi à Strasbourg, une mauricienne plutôt atypique ! J’habite Maurice depuis 8 ans maintenant. Mes parents et ma famille sont en France, nous sommes une fratrie de cinq enfants, je suis la seule à m’être expatriée. Mes parents sont d’origine mauricienne. Ils nous ont toujours bercés avec les valeurs de l’île Maurice, d’où le choix de m’y installer. »
Des petites recherches sur toi nous montrent que tu as une formation riche, dans l’information et communication d’entreprises, mais également en marketing. Qu’en est-il du « Web development » ?
« J’ai fait des études en Informatique de Gestion avec option développement d’applications. Je voulais avoir un bagage technique, mais aussi m’orienter dans la communication. Je trouve que les interconnexions entre les relations humaines sont formidables, ce qu’on peut en tirer, n’a pas de valeur. C’est d’ailleurs grâce à ces interconnexions (qui renvoient à tous les gens que j’ai pu côtoyer), que j’ai pu évoluer et m’épanouir professionnellement.
À l’époque et même en France, il n’y avait pas énormément de filles en classe d’informatique. Autant vous dire que le contexte était un peu compliqué. De plus, l’idéale comme choix de carrière dans la famille mauricienne est filière scientifique (#médecin) ou juridique, je n’ai rien contre ces professions bien au contraire, mais ce n’est pas ce que je voulais faire. Me concernant, j’ai finalement un peu respecté les règles du jeu sans trop le vouloir. »
De développeur Web chez XPCOM à celui de responsable marketing&commercial chez Astek Mauritius, tu en as fait du chemin. Peux-tu nous en dire davantage ?
« Mon aventure de développeur a commencé chez XPCOM en France alors que j’étais encore étudiante. Chez XPCOM, j’avais pour tâche le développement d’un site destiné à la gestion de stock dans le textile.
À la fin de mes études, j’ai été recrutée par CANON France pour lequel j’ai développé « from scratch » un CRM (NDLR Customer Relationship Management). Je devais centraliser toutes les données commerciales pour ensuite les implémenter sur ORACLE. J’ai aussi développé d’autres systèmes de gestion (optimisation du recouvrement, gestion des déménagements, démarche qualité en conformité avec les normes ISO 9001 et ISO 14001, entre autres). J’ai fait cela pendant cinq ans, période durant laquelle j’ai vraiment pris plaisir à travailler dans le département commercial (implémentation de la CRM et formation des commerciaux). Des ingénieurs commerciaux avec différents charismes m’ont inspiré. Philippe Lemoine et bien d’autres commerciaux me surnommaient le petit colibri de l’île, fut parmi les éléments déclencheurs qui m’ont donné l’envie de développer la partie communication du secteur commercial.
Ensuite, j’ai poursuivi ma carrière professionnelle au sein d’une société de formation basée à l’île Maurice, qui dispensait des formations en présentiels dans toute l’Afrique et les DOM-TOM, sur un DMS (NDLR Dealer Management System) développé pour la CFAO.
Cette offre est arrivée au bon moment, j’avais envie de découvrir mon île, mais aussi l’Afrique, qui m’a toujours fasciné. Un continent si vaste qui me paraissait inaccessible. J’ai donc voyagé durant six ans et demi en marquant des arrêts sur Maurice. J’ai finalement quitté cette société où je me suis épanouie culturellement et humainement en juin 2015.
J’ai décidé de rester deux ans à la maison pour changer un peu et m’occuper de mes enfants. Mais au final, après six mois, même si j’adore mes enfants, il fallait que je reprenne le chemin du travail.
J’ai rejoint, il y a maintenant un peu plus de deux ans, le groupe international ASTEK MAURITIUS, où j’ai pour responsabilité de développer le business sur l’océan Indien. Nous travaillons aussi en Offshore avec les entités de notre groupe.
ASTEK MAURITIUS, née en 2003, est une filiale du groupe ASTEK, entreprise de services du numérique depuis 1988. Notre équipe se compose d’une centaine d’ingénieurs bilingues, diplômés de prestigieuses universités à travers le monde et spécialisés dans les dernières technologies. Nous travaillons sur de multiples projets au contact de clients divers (Grands Comptes, PME, Startup, organismes publics).
Je trouve que nous, les ASTEKIENS, comme j’aime le dire, sommes les « bâtisseurs du futur ! »
Tu nous as dit plus tôt que tu es la seule de ta famille à être revenue à Maurice ! Pourquoi ce choix ?
« C’est rigolo, car beaucoup de personnes croient que j’ai suivi mon époux pour venir vivre à Maurice (comme dans les films indiens…). Eh bien, non, je vais vous donner un scoop : c’est lui qui m’a suivi !
Je pense que la diaspora mauricienne doit revenir sur Maurice, tous ces cerveaux sont extrêmement importants pour qu’on puisse grandir et construire quelque chose ensemble. Les Mauriciens possèdent de grandes compétences qui doivent être davantage mises aux services de la nation.
Comme je vous l’ai dit, mes parents m’ont toujours nourri de Maurice. Ils ont fait un choix économique il y’a plus de 40 ans, nous les enfants de l’exil, nous avons la chance de faire un choix de vie. Et pour être très honnête, j’adore Strasbourg, mais autant le froid m’est insupportable. »
Quelle est ta prochaine étape professionnelle ?
« Je finalise en ce moment un Master en Marketing Digitale avec Paris Dauphine, via AIM – Analysis Institute of Management à Maurice. Je compte me servir de ces nouvelles compétences pour développer davantage notre stratégie d’expansion avec Astek Mauritius.
J’aimerai accentuer notre communauté existante, les Astékiens. Nous allons organiser fin septembre deux Events pour nous faire connaître un peu plus et ainsi convaincre les jeunes de nous rejoindre.»
Que penses-tu pouvoir apporter à cette jeune génération mauricienne qui se tourne de plus en plus vers les métiers de la technologie ?
«Il faut effectivement continuer sur cette orientation, nous avons plusieurs opportunités dans le secteur des TIC. Maurice occupe une place très stratégique géographiquement. Il ne faut pas oublier qu’on a beaucoup de partenariats avec les pays d’Afrique, qui ne demandent qu’à être exploités encore plus.
J’ai pris, avec Zulaika Sunthbocus, la responsabilité de la commission des TIC au sein de la CCIFM. Nous avons des discussions autour de la conscientisation des métiers de demain dans les TIC à Maurice. L’idée serait de voir ce que nous pouvons faire pour encourager les ouvertures en ce sens.»
Quel conseil donnerais-tu aux jeunes ?
« Ne partez pas, nous avons besoin de vous ! Il y a une constatation générale selon laquelle nous voyons les jeunes partir pour l’étranger. Ne pensent-ils pas avoir leur place dans le domaine qu’ils recherchent ici ? Le fait est que nous croyons dans le potentiel de cette jeunesse mauricienne. Voilà pourquoi je leur dirais tout simplement de ne pas partir ! »
La technologie, et plus précisément le développement web, est un secteur en plein essor dans l’île. Des compétences nouvelles sont recherchées pour faire prospérer ce secteur.
Comme Reena, vous pouvez évoluer dans ce milieu et construire une société entière tournée vers la technologie, tout en la faisant grandir humainement.