Jeudi dernier, le tant attendu budget annuel du gouvernement a été dévoilé par le Premier ministre Pravind Jugnauth. Cet exercice budgétaire incontournable a comme toujours fait l’objet de quelques critiques, mais a dans l’ensemble été salué par le secteur privé. Certes, des mesures ont marqué la population, comme l’augmentation de la taxe sur les cigarettes et l’alcool, mais le positif de ce budget, parlons-en. On s’est ici intéressé aux mesures visant à faciliter l’émergence de nouvelles startups, de l’entrepreneuriat et de l’innovation au sein de la petite île.
Pour beaucoup d’observateurs, le Grand argentier a fait preuve de prudence dans un contexte économique mondial incertain au plan économique et politique en Europe, au Moyen-Orient et aux États-Unis. Son Budget s’appuie sur une prévision de croissance de 4,1 % pour cette année et sur un taux de change, un prix du pétrole et un faible taux d’intérêt plus ou moins stabilisés. Ses principales lignes directrices visent à encourager l’investissement et à redynamiser l’exportation.
Arnaud Dalais, (à droite), le président de Business Mauritius, association indépendante qui regroupe 1 200 entreprises mauriciennes allant des PME aux plus grands groupes, a salué « un budget qui contient beaucoup de mesures positives pour stimuler tous les secteurs de notre économie tout en privilégiant la recherche, la technologie de pointe et l’innovation ».
Ce qui nous a marqués dans ce budget
Le positif de ce budget est, pour nous, la volonté certaine du gouvernement de favoriser et dynamiser l’innovation, la recherche et le développement ainsi que la création de start-up. Pour ce faire, le ministre des Finances a annoncé pléiade de mesures.
Parmi celles-ci, on note des changements dans les permis de travail afin de faciliter les affaires et de permettre aux expatriés d’établir un business sur l’île plus facilement. En effet, dorénavant, il y aura un permis de travail et de résidence innovateur (Innovator Occupation Permit) pour les start-ups innovantes dont au moins 20 % des dépenses opérationnelles sont allouées à la R&D. Toujours dans l’optique de favoriser la recherche et le développement, le gouvernement a annoncé une double déduction fiscale pour les dépenses en R&D jusqu’à l’année fiscale 2021-2022.
Afin de soutenir l’innovation sur le territoire, le Mauritius Research Council se transformera en Mauritius Research and Innovation Council. Ce nouvel organisme gérera un National Innovation & Research Fund pour financer les recherches au sein des institutions publiques et privées. Le MRIC mettra également un Mauritius Research Repository à la disposition du public. Aussi, l’Industrial Property Office sera intégré au MRIC.
Le gouvernement souhaitant également soutenir le télétravail, il a annoncé la modification du Employment Rights Act. Ces changements ont pour objectif d’encourager les entreprises à permettre à leurs employés de travailler depuis chez eux.
Attirer les investisseurs et travailleurs expatriés
Face aux pressions des pays de l’Union européenne et de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) qui menacent de placer Maurice sur la liste noire des paradis fiscaux, le ministre des Finances a assuré vouloir donner de la substance à ce secteur. Il a indiqué vouloir faciliter l’octroi de permis de travail pour les expatriés et attirer davantage d’investissements.
Les permis de travail (Work Permit) seront ainsi obtenus plus rapidement avec une réduction du délai de délivrance et de renouvellement du permis de travail de 40 à 15 jours ouvrables. Il y aura également l’extension du permis de travail à 8 ans pour tous les travailleurs expatriés dans certains secteurs d’activité. Ainsi que l’introduction d’un permis de travail à court terme en cas de retard dans le renouvellement des permis de travail.
Des mesures à destination des PME
Les PME n’ont évidemment pas été oubliées dans ce budget et vont bénéficier d’avantages certains, mis en oeuvre par le gouvernement. Notamment une diminution du taux d’intérêt des prêts, qui passera de 6 % à 3 % avec la Development Bank of Mauritius.
Il y aura également une mise à disposition de Rs 100 millions au cours des trois prochaines années destinés à la mise en œuvre du Master Plan sur 10 ans pour le secteur des PME. De plus, le SME Venture Capital Fund assurera le financement en fonds propres de projets innovants sélectionnés.
En vue de renforcer la capacité d’exportation des petites et moyennes entreprises (PME), leurs profits seront taxés à hauteur de 3 % au lieu de 15 %. Les nouvelles entreprises engagées dans la fabrication des produits pharmaceutiques, de dispositifs médicaux et de produits high-tech bénéficieront également d’une exonération d’impôts sur le revenu pendant 8 ans si elles ont été incorporées après le 8 juin 2017.
Favoriser l’émergence de nouveaux secteurs
Pour encourager la recherche, le développement, la création de produits et de services à haute valeur ajoutée, de nouveaux emplois et de nouvelles sources de revenus, le gouvernement va soutenir la recherche scientifique et académique pour promouvoir par exemple la programmation. Il s’agit de permettre l’accès au plus grand nombre à des formations pour profiter de la révolution numérique. Enfin des mesures d’équité sociales ont été décidées comme la création d’une taxe de solidarité de 5 % sur les revenus supérieurs à 3,5 millions de roupies par an (87 500 euros).
Pour retrouver l’intégralité du budget : site Officiel du Budget.