L’extension .io est devenue l’un des noms de domaines les plus en vogue chez des startups du monde entier. Le .io est l’extension dédiée au Territoire Britannique de l’océan Indien. Pourtant, il faut reconnaître que les quelques milliers d’habitants de l’archipel des Chagos, en plein milieu de l’océan Indien, ne se sont pas soudainement découvert une passion pour l’enregistrement des noms de domaines, et que la majorité des sites en .io ne sont pas originaires de cet archipel.
Pour la petite histoire, ce serait en fait Google qui aurait rendu populaire l’utilisation du .io dans ses conférences Google I/O, et cela aurait donné l’envie à d’autres de faire de même. Depuis, l’extension .io est devenue le symbole des startups du web et des nouvelles technologies partout dans le monde et même s’il y a bien d’autres raisons à la popularité des noms de domaine en .io (nous invitions à lire ou relire notre article sur le sujet : Le .io sera-t-il toujours tendance en 2016 ?). Derrière cet engouement se cache un secret, une histoire que peu de gens connaissent, et qui débute bien avant l’internet moderne…
Le côté obscur du .io
A ce jour, les droits pour la vente de domaines en .io sont détenus par une société britannique appelée Internet Computer Bureau (ICB). Le gouvernement britannique a accordé ces droits à Paul Kane, responsable de l’ICB dans les années 1990. L’ICB a géré jusqu’à présent un service stable. Paul Kane est un vétéran respecté de la scène de l’infrastructure, étant notamment l’un des détenteurs des clés de l’internet, rôle qui lui a été confié directement par l’ICANN.
Pourtant alors que des noms de domaines populaires comme le .tv rapportent des millions de dollars chaque année à la petite île de Tuvalu dans le Pacifique sud, ou même le .me qui bénéficie au Monténégro, les habitants du Territoire Britannique de l’océan Indien, ou les îles Chagos, ne connaissent pas cette chance. En effet, les bénéfices de la vente de chaque domaine .io sont redistribués à la force même qui a expulsé les Chagossiens de leur île : le gouvernement britannique.
Le combat des Chagossiens
Actuellement une partie des recettes issues de la vente des domaines en .io va au gouvernement anglais pour l’administration d’un territoire plutôt qu’à ses habitants d’origine (les Chagossiens). Or, les résidents actuels du Territoire Britannique de l’océan Indien sont quelques milliers de soldats américains et une poignée de personnel britannique, présents pour des raisons administratives et militaires.
A vrai dire, nous n’aimons pas beaucoup faire de politique sur ICT.io, mais il faut reconnaître qu’il est difficile de rester insensible face à l’histoire de ce peuple, surtout pour nous, qui vivons à Maurice – un des pays qui accueille les Chagossiens en exil – et qui et mettons en avant sur notre site l’extension .io pour toutes les qualités que nous lui connaissons.
C’est quoi la suite ?
Les Chagossiens, après plusieurs années de combat, pourraient un jour retrouver leur île natale. Aujourd’hui, l’île Maurice les soutient et revendique la souveraineté sur les îles Chagos. Qu’adviendrait-il alors du nom de domaine favoris de startups et du craze autour de l’extension .io en cas de rétrocessions ? Le .io resterait-il géré par l’ICB, serait-il pris en charge par d’autres, est-ce que les Chagossiens finiraient par toucher une partie du revenu qui semble leur revenir de droit ? Qui bénéficiera du revenu des ventes de l’extension .io ? Toutes ces questions se poseront peut-être bientôt, ou jamais …