Dans un contexte économique où les entrepreneurs doivent faire face à la fois à une concurrence locale et internationale, il est devenu essentiel de développer des concepts innovants afin de créer un avantage concurrentiel. Les arts peuvent ainsi être utilisés comme un levier pour innover.
Le parallèle entre artistes et entrepreneurs
Nul ne peut trouver toutes les réponses aux défis du 21e siècle dans le monde du rationnel. Les artistes sont considérés comme des créatifs, car ils sont appelés à créer une pièce unique afin de se différencier de la compétition. Ils ont tendance à faire appel à l’hémisphère droit de leur cerveau qui contrôle l’imagination et l’intuition. Chaque artiste a un style propre, un style unique qui se retranscrit dans ses œuvres. Nous pouvons faire un parallèle entre le processus de création des artistes et celui des entrepreneurs.
Le processus se décline en cinq phases :
- La phase de préparation : l’entrepreneur/l’artiste collecte les informations nécessaires pour se préparer,
- La phase d’incubation : l’entrepreneur/l’artiste considère les informations recueillies, il laisse les idées prendre racine,
- La phase « d’insight » : le fameux moment où l’entrepreneur/l’artiste laisse échapper un « eurêka, j’ai trouvé la solution »,
- La phase d’évaluation : l’entrepreneur/l’artiste procède à une évaluation critique de l’idée choisie,
- La phase d’élaboration : l’entrepreneur/ l’artiste complète le travail en rassemblant les différentes pièces du puzzle.
À noter que le processus ne se fait pas forcément dans l’ordre présenté. L’entrepreneur/l’artiste fait appel à son intuition pour naviguer entre les différentes phases.
De Léonard de Vinci à Albert Einstein : l’art et la science ne font qu’un
L’imagination rend possible l’impossible. L’innovation se trouve à l’intersection de l’art et de la science. Ne pas parler de Steve Jobs dans un article ayant trait à l’utilisation de l’art et de la créativité pour créer des solutions innovantes serait un sacrilège. Et pourtant… Steve Jobs n’est pas le pionnier en la matière. Par exemple, Léonard de Vinci, qui créa l’Homme de Vitruve, est une parfaite illustration de la fusion de l’art et de la science. Selon Léonard de Vinci, l’art et la science ne font qu’un.
Par ailleurs, le célèbre physicien, Albert Einstein, considéré comme étant une des personnalités les plus influentes que la science ait connue, était à la fois violoniste et pianiste. Pour Einstein, les « insights » ne provenaient pas de la logique mathématique, mais plutôt, de l’intuition et de l’inspiration.
« Les plus grands scientifiques sont aussi des artistes » a déclaré Albert Einstein.
John Maeda, graphique designer et programmeur informatique américain, a une double compétence : les arts et les sciences. Ce dernier pensait que l’économie d’un pays repose sur des penseurs convergents, des personnes qui exécutent des choses et qui les réalisent. Mais les artistes et les concepteurs sont des penseurs divergents : ils élargissent l’horizon des possibilités. Une innovation supérieure provient de la fusion de compétences, entre les divergents (les artistes et designers) et les convergents (science et ingénierie).
Luc de Brabandere, auteur de Pensée magique, Pensée logique (Éditions du Pommier, 2008), apporte lui aussi sa pierre à l’édifice.
« Une pensée linéaire et rationnelle marche bien dans un monde certain, dans lequel nous pouvons planifier notre avenir ; mais dans un monde incertain, complexe et en mouvement comme le nôtre, c’est fini. Ce qui fait la différence, désormais, c’est l’audace de s’ouvrir à la nouveauté, à l’imagination, à la capacité à sortir du cadre de ses compétences, avant d’y retourner et d’y appliquer raisonnablement ses nouvelles idées » explique Luc de Brabandere.
L’art : développer des compétences transférables au monde des affaires
L’art permet de développer des compétences transférables, qui sont intéressantes pour les entrepreneurs. Par exemple, l’art visuel développe chez l’individu la capacité à détecter les nuances et les détails. De ce fait, il permet de former des entrepreneurs qui auront le souci du détail. Justement, il y a beaucoup de coachs qui pratiquent le « corporate arts-based training », c’est-à-dire stimuler la créativité artistique chez les professionnels au profit des entreprises. Être capable de penser comme un artiste c’est :
- Regarder un problème sous un angle nouveau,
- Identifier des relations entre des idées et des évènements différents,
- Utiliser son imagination pour produire de nouvelles idées,
- Transformer une vision en un plan d’action,
- Utiliser son potentiel au maximum,
- Naviguer entre les problématiques avec une âme d’enfant.
« Si vous pouvez l’imaginer, vous pouvez le créer. Si vous pouvez le rêver, vous pouvez le devenir » – William Arthur.
La créativité chez l’être humain : lutter contre l’intelligence artificielle
Avec l’avènement des systèmes automatisés et de l’intelligence artificielle, il y a un risque de disparition de certains métiers. Quelques exemples :
- Le Washington Post a eu recours à de l’intelligence artificielle pour générer certains articles lors des Jeux olympiques à Rio en 2016.
- Eatsa, une société qui opère dans la restauration rapide à San Francisco, est depuis 2015 le premier « resto-robot » qui a automatisé la façon dont les gens commandent et réceptionnent leur nourriture.
- Uber a fait l’acquisition en octobre 2016, d’Otto, une startup qui a pour mission de repenser l’industrie du transport en proposant des camions qui n’ont pas besoin de chauffeurs.
Toutefois, les machines ne peuvent pas penser comme les êtres humains. Les machines fondent leur résonnement sur des algorithmes créés par des humains. De plus, contrairement aux êtres humains, elles n’ont pas accès à un réservoir de connaissances infinies – l’intuition et l’imagination. Par ailleurs, la créativité humaine implique des valeurs, des intentions, des jugements, des émotions sociales et une conscience personnelle.
La diversité culturelle : l’atout principal des entrepreneurs mauriciens
De par les différentes influences culturelles au sein de l’économie mauricienne, il y ainsi d’innombrables sources d’inspiration. Comme le dit si bien Jason Lily, artiste mauricien très connu sur la scène locale, l’environnement dans lequel il compose ses chansons a une influence directe sur sa créativité. Il favorise les moments passés dans la nature afin d’être en résonance avec l’énergie qui l’entoure. Il s’immerge dans la nature en n’ayant aucune idée de ce qu’il va créer et c’est justement ce qui lui permet d’être ouvert à toutes les possibilités.
La nouvelle phase de digitalisation à Maurice impliquera la fusion entre la technologie et les industries créatives : l’industrie musicale, la mode, le divertissement, l’éducation, les médias, la littérature et les arts. Avec le développement de l’écosystème autour des startups à Maurice, cela donnera naissance à des industries hybrides. Il ne sera pas étonnant de voir émerger des professionnels avec cette double compétence artistique et scientifique.