Guimero est dessinateur amateur au collectif Le Cri du Margouillat, illustrateur de livre et artiste 3D à temps plein à Electrocaïne. Il commence aussi à s’amuser à faire des jeux vidéo narratifs. Il organise aussi des workshops de temps en temps à Lakaz d’Art et des évènements. Alors que le Global Game Jam 2020 approche à grands pas, faisons une incursion dans son univers.
Qui est Guimero ? Est-ce une contraction de « Guillaume » et « Calimero » ?
J’aurais bien voulu que ça soit aussi intéressant. Mais ça vient juste d’un petit jeu video de livraison de cargo et de pirates (me rappelle plus du nom, je ne l’ai jamais retrouvé) qui avait un générateur de nom. Et le nom qui est sorti pour mon personnage était Guimero.
En parlant de la Global Game Jam 2020, que souhaiterais-tu dire à ceux qui n’ont aucune expérience mais qui voudraient quand même y participer ?
Que dans la création de jeu video ou de n’importe quel autre media, c’est la vision et l’envie de raconter quelque chose qui compte. Et en plus, les gens ne sont pas forcés de faire du jeu video. Ceux qui désirent faire des jeux de plateau, de carte ou même des jeux complètement en texte, peuvent le faire. C’est l’occasion de tomber dans l’expérimental et le conceptuel.
48 heures pour créer un jeu…un challenge de taille. Quelle est la plus grosse difficulté qu’on rencontre pour relever un tel défi ?
C’est d’avoir des idées bien trop grandes pour un temps aussi restreint, surtout si l’équipe est toute petite, ou en solo. Trouver une idée réalisable en 48 heures et garder le concept clair est assez difficile. Je me rappelle de ma 3e jam, on avait décidé d’implémenter des tonnes de features qui ont été coupées puis coupées encore, plus la deadline approchait.
Parle-nous de Mauritius Atoll. D’où est née l’idée de cette île Maurice post apocalyptique ? Et quels ont été/sont toujours les plus gros challenges pour donner vie à ce jeu ?
Ça fait bien deux ans je pense que je cherche un projet de BD et j’avais envie d’une histoire sur l’ile Maurice, et je m’étais souvenu d’une visite, petit, au Musée du Volcan à la Réunion : le guide avait mentionné la future transformation (très lointaine) de notre île en un atoll. J’avais le début de l’histoire avec la grand-mère malade et un départ en ferry vers l’ilot de Port Louis. Je n’ai jamais continué son écriture. Il y avait aussi une idée de platformer en 3D dans le même univers, avec des éléments à la Windwaker qui n’a jamais vu le jour.
Et c’est en faisant le jeu explicatif de la Global Game Jam que je me suis que ça aurait été drôle d’y rajouter un personnage qui fait tester au joueur le jeu qu’il aurait développé, et je me suis dit que je pouvais ressortir Mauritius Atoll. C’était comme se faire sa propre petite jam de 4 jours à la maison entre les heures de travail et pendant la nuit.
Bande dessinée Vs Jeu vidéo : entre les deux ton cœur balance ?
Les deux pour des raisons différentes : La BD pour la rapidité et la spontanéité de créer une histoire (j’adore participer aux 24 heures de la BD, la version Game Jam pour les dessinateurs) et le jeu video pour l’interactivité. Je compte d’ailleurs allier les deux bientôt avec une prochaine mise à jour de mon petit jeu : parmi les 15 fins du jeu, certaines débloqueront des BD ou d’autres extras expliquant la suite. Il y a déjà un lien caché vers une chanson de mon ami si vous trouvez la fin qui la débloque !
Vivre de son art à l’île Maurice semble toujours impossible pour beaucoup. Qu’en penses-tu ?
Pour ma part, je ne vis pas de ma création. Vu comme ça me prend du temps pour pondre une idée et trouver un concept, j’ai la chance de pouvoir travailler à Electrocaïne. Je me sens libre comme jamais je ne l’ai été dans d’autres boulot : je peux faire de la 3D tous les jours, travailler sur mes projets personnels et partager avec d’autres gens durant les workshops à Lakaz d’Art.
Quelle a été ta plus grande fierté en tant qu’artiste ? Ce projet parmi tous les autres qui t’a apporté la plus grande satisfaction ?
Pour le moment, rien. Je suis en phase de recherche depuis ma sortie des beaux-arts. Et tout ce que j’ai ce sont des idées. Mais ça va changer bientôt, j’espère. Ça fait quelques mois depuis ma résidence à la Cité des Arts à la Réunion et je vais me repencher sur mes projets bientôt.
Mais sinon en dehors de ma pratique d’artiste, ça fait toujours plaisir de sortir des BD dans le magazine Le Cri du Margouillat avec les autres dessinateurs du collectif.
Le mot de la fin : Quel avenir vois-tu pour le jeu vidéo 100 % mauricien ?
Mon cercle est encore assez restreint, mais le peu de gens que je connais ont déjà des projets intéressants pour soit faire bouger les choses, soit juste s’amuser dans de la recherche. On a ouvert un groupe de développeurs et artistes sur le site Discord, et il se remplit petit à petit. Il y a donc clairement une communauté prête à créer. J’ai aussi hâte de voir ce que vont pondre les gens durant la jam. Peut-être qu’un de ces jeux sera l’étape avant une sortie complète.