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Le secteur juridique mauricien se digitalise !

L’île Maurice est indiscutablement un pays qui aime les innovations et qui les accueille à bras ouverts. Parmi les exemples notables du moment, citons celui de Manin Utchanah, fondateur de LexTech.mu, résultat d’une belle collision entre le monde judiciaire et celui des nouvelles technologies. Il nous parle de ce cabinet d’avocat digital, développé à travers LegalTech.mu, laboratoire de recherche et de développement pour l’innovation dans le secteur juridique.

Bonjour Manindra, comment votre projet a-t-il vu le jour ?

Tout a commencé lors du premier confinement (NDLR du 18 mars 2020 au 1er juin 2020), durant lequel les avocats ont été dans l’incapacité d’assister en personne leurs clients. Le système judiciaire de l’île Maurice était presque complètement paralysé, avec des possibilités restreintes, uniquement applicable en cas d’urgence grâce à la visioconférence.

Les conséquences ont été sévères, notamment pour les justiciables les plus vulnérables, qui ont dû faire face, en plus du reste, à des situations juridiques particulièrement complexes. Si l’ampleur des évènements était impressionnante, il n’était pas question de rester les bras croisés. C’est ainsi qu’a germée l’idée de créer une plateforme internet centrée uniquement sur le secteur juridique avec l’objectif d’utiliser la technologie pour rendre la justice accessible aux habitants du pays, sans exception.

Plusieurs applications ont donc vu le jour durant le premier confinement de l’île Maurice :

  • Une application conçue pour détecter les vices de procédures dans le processus de licenciement ;
  • Une application capable d’automatiser les demandes de moratoire pour les loyers impayés ;
  • Un calculateur d’indemnités de licenciement ;
  • Une application pour diriger les PME (Petites et moyennes entreprises) vers les bons interlocuteurs afin d’obtenir une assistance financière prévue dans le cadre des plans d’aide de l’État.

L’univers du juridique est déjà solidement codifié. Qu’est-ce que la technologie apporte de plus à ce secteur ?

La technologie est un outil dont il faut se servir et dans le cas de la justice, elle permet de démocratiser, de faciliter l’accès aux services juridiques à tous, aussi bien pour les justiciables que les avocats. Ces derniers peuvent, par exemple, compter sur l’automatisation de certains processus simples, mais habituellement « chronophages ».

Les nouvelles technologies juridiques permettent aux professionnels de réduire de manière conséquente leurs frais d’opération, donc, par effet cascade, de diminuer le coût de leurs services auprès des particuliers et des entreprises.

Comment fonctionne votre cabinet d’avocat digital ?

Grâce à la technologie, le cabinet d’avocat digital permet à ses utilisateurs d’accéder directement aux documents juridiques, dates de comparution en cour, factures et paiements en ligne à travers un portail client. Il contient également un module de réservation en ligne, à utiliser pour les prises de rendez-vous virtuels ou en personne au sein de nos branches éparpillées dans les différentes régions du pays. D’ailleurs, ce module se synchronise avec le calendrier de l’avocat qui l’utilise.

Comment marie-t-on technologie et déontologie lorsqu’on en vient au secteur juridique ?

La digitalisation est inévitable et le secteur juridique ne peut fermer l’œil sur son existence. Concernant les questions déontologiques liées à la digitalisation, il est essentiel que l’ordre des avocats se penche sur le sujet en mettant en place un cadre tangible, qui encourage et guide l’innovation.

Quid de l’application « Domestic Violence », présente sur le cabinet en ligne ?

La pandémie de COVID-19 à Maurice a été le théâtre d’une augmentation inquiétante de la violence domestique. Confinées avec leurs agresseurs, les victimes n’avaient aucun moyen de demander de l’aide. Nous avons donc lancé une application web basique qui automatise les demandes d’ordonnance de protection.

Cette application consiste en une série de questions à laquelle l’utilisateur répond, ce qui génère un affidavit, totalement prêt à être logé en cour de justice. La nouvelle version de l’application contiendra un API de traduction en temps réel pour les formulaires rédigés en anglais, à destination des utilisateurs francophones.

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