Selon le Harvard Business Review de mars 2017, prestigieuse revue américaine sur le monde de l’entreprise, l’ile Maurice serait le 5e pays le plus affecté par la fuite des cerveaux. Ce classement prend en compte le taux de diplômés universitaire qui quitte leur pays natal pour s’installer dans un pays membre de l’Organisation de Coopération et Développement Economiques (OCDE).
Environ 41 % des diplômés mauriciens quittent leur pays natal pour se rendre dans les pays de l’OCDE. Sur le plan continental, l’Ile Maurice se situe en tête du classement alors que sur le plan mondial, cette petite ile de l’océan Indien se situe à la 5e position. Avec un taux de 93 %, la Guyane française occupe la première place au niveau mondial.
Entre 1990 et 2010, le pourcentage d’émigrés hautement qualifiés dans le monde a considérablement progressé. En effet, durant cette période, le taux d’augmentation a été de 130 % contre 40 % pour les émigrés ayant de faibles qualifications. Les destinations prisées de ces derniers sont les pays anglo-saxons, avec une préférence pour les États-Unis, sans doute pour vivre leur « American dream ». D’après les auteurs du Harvard Business Review, certains états américains comme la Silicon Valley par exemple, comptent environ 50 % de travailleurs et de chef d’entreprises étrangers œuvrant dans le secteur des TIC.
En Europe, certains pays connaissent la même situation que l’ile Maurice. L’Espagne par exemple, voit partir un grand nombre de ses jeunes diplômés vers d’autres pays d’Europe comme l’Allemagne. Ces départs sont, pour la plupart, dus à la situation économique espagnole. Cependant, la situation n’est pas alarmante en Espagne, mais cela ne saurait tarder. Comme à l’ile Maurice, les jeunes diplômés espagnols se tournent vers des pays où les salaires sont plus attrayants, et qui sont à la hauteur de leurs espérances.
Un sentiment de « déjà vu » ?
Ce phénomène de « fuite des cerveaux » existe à l’ile Maurice depuis plusieurs années déjà, et plusieurs études ont démontré que ce phénomène est imputable à la mondialisation. De ce fait, beaucoup de jeunes diplômés mauriciens s’imaginent un futur utopique ailleurs que dans leur pays natal. Depuis 2015, l’ex-ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo, avait mis en place des mesures afin de ralentir la fuite des cerveaux. Notamment l’opération éducation visant à retenir les jeunes fraichement diplômés à l’ile Maurice. Cette mesure avait pour but d’inverser la tendance d’exode des cerveaux, mais le programme n’a pas eu l’effet escompté. Deux ans plus tard le constat reste le même et l’ile Maurice peine toujours à retenir ses jeunes diplômés. De plus, d’autres études ont mis en avant le fait que Maurice sera en mesure de réduire la « fuite des cerveaux » uniquement lorsque les conditions économiques, salariales et sociales s’amélioreront.
Vidia Mooneegan, Managing Director de Ceridan, ainsi que les autres acteurs du monde des TIC se disent inquiets en ce qui concerne la fuite des cerveaux.
« Pour faire de Maurice un pays à hauts revenus, nous avons besoin de compétences élevées. Nous aurons d’autant plus besoin de ces diplômés qui quittent le pays à cause du vieillissement de la population. On doit faire de Maurice un pays plus attrayant à tous les niveaux » a déclaré M. Mooneegan.
C’est pourtant au gouvernement de renforcer les liens avec la diaspora mauricienne, pour lui donner envie de revenir au pays. Cependant, la plupart des émigrés mauriciens ne veulent pas quitter la vie moderne acquise à l’étranger pour revenir dans leur pays natal.
Le salaire serait la principale raison du départ des jeunes diplômés mauriciens. Selon Vidia Mooneegan, les salaires augmenteront à l’ile Maurice lorsque les compétences seront plus élevées. Ce dernier a ajouté que les pays de l’OCDE ont des prix et des impôts plus élevés, ce qui explique un salaire plus fort qu’à Maurice.
Source : Le défi média, Patrice Donzelot