Elon Musk est attaqué en justice pour avoir renoncé à son projet ambitieux d’acheter Twitter. On vous explique pourquoi.
Ce mardi 12 Juillet, Twitter a engagé des poursuites contre Elon Musk afin de l’obliger à tenir son engagement de racheter le réseau social pour 44 millions de dollars fin avril. En effet, le patron de Tesla a fait savoir vendredi dernier, qu’il refusait d’acheter le réseau social selon les termes convenus, accusant l’entreprise d’avoir fourni des données « fausses et trompeuses » sur le nombre de comptes dormants et de bots. Le réseau social dénonce un « modèle d’hypocrisie ».
En mettant fin à son engagement de racheter Twitter, l’homme d’affaires s’expose à des poursuites juridiques conséquentes. Les deux parties se sont engagées à verser une indemnité de rupture pouvant aller jusqu’à un milliard de dollars dans certaines circonstances.
Elon Musk troll Twitter
L’entrepreneur était monté au capital de Twitter en début d’année afin d’annoncer son intention de racheter la plateforme dans l’intérêt de la liberté d’expression. Depuis plusieurs mois, le milliardaire avait multiplié les attaques et moqueries à l’égard le réseau où il a critiqué sa politique de modération des contenus, et s’est moqué publiquement de certains cadres.
«La stratégie de sortie d’Elon Musk est un modèle d’hypocrisie» et un «modèle de mauvaise foi», ont déclaré les avocats du réseau social. «Après avoir monté tout un spectacle pour faire de Twitter une cible et après avoir proposé puis signé un accord de fusion, Musk a l’air de croire qu’il est libre – contrairement à toute partie engagée par un contrat suivant la loi du Delaware – de changer d’avis, de diffamer l’entreprise, de perturber ses activités, de détruire la valeur de son action, et de s’en laver les mains», ont-ils précisé dans un document judiciaire consulté par l’AFP, accusant entre autres l’entrepreneur de ne pas avoir «employé les moyens nécessaires pour réaliser l’acquisition».
Musk a affirmé que Twitter n’avait aucun moyen de vérifier combien de ses 229 millions d’utilisateurs actifs quotidiens étaient réellement humains. Le PDG de Twitter, Parag Agrawal a alors répondu avec un fil de 13 tweets – déclarant publiquement les bots comprenaient moins de 5% des comptes du réseau à l’oiseau bleu.
Our actual internal estimates for the last four quarters were all well under 5% – based on the methodology outlined above. The error margins on our estimates give us confidence in our public statements each quarter.
— Parag Agrawal (@paraga) May 16, 2022
Mais le multimilliardaire et son équipe estiment que le réseau ment et que cela affecterait la viabilité de son activité, et donc la valeur de la société.
Elon Musk a par ailleurs répondu au fil de Parag Agrawal avec un emoji étron.
💩
— Elon Musk (@elonmusk) May 16, 2022
Par la suite, vendredi dernier, le milliardaire a déposé un dossier auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC) des États-Unis, y déclarant qu’il avait « à plusieurs reprises » demandé des informations supplémentaires sur les bots – des données qui n’étaient pas disponibles.
Pourtant, les sceptiques affirment que cet intérêt de Musk pour les bots n’est pour lui qu’une excuse qu’il utilise afin de pouvoir sortir de cet accord.
«La conduite de Musk confirme simplement qu’il veut échapper au contrat contraignant qu’il a librement signé et endommager Twitter dans le processus», a affirmé le procès. «Twitter a subi et continuera de subir un préjudice irréparable à la suite des manquements des accusés.» En effet, le réseau social a été touchée de plein fouet lundi à Wall Street par l’abandon d’Elon Musk. Le titre de l’entreprise a chuté de 11,3 % à la Bourse de New York pour finir à 32,65 dollars : 40 % de moins que ce qu’avait offert l’entrepreneur lorsqu’il avait annoncé son offre.
« Une bataille de Game of Thrones devant les tribunaux »
Un juge d’une cour spécialisé en droit des affaires, dans l’Etat du Delaware sera donc chargé de déterminer si l’homme d’affaire américain pourra oui ou non mettre fin à l’accord d’acquisition qui prévoit des indemnités de rupture à hauteur d’un milliard de dollars. Mais les experts juridiques et les analystes du marché sont unanimes : Twitter aura un fort avantage devant les tribunaux. C’est ce qu’a déclaré l’analyste de Wedbush Dan Ives dans une note aux investisseurs. «Ce sera une bataille de Game of Thrones devant les tribunaux avec le problème du faux compte /bot à l’avant-plan, mais en fin de compte, le conseil d’administration de Twitter tient les pieds de Musk au feu pour conclure l’affaire au prix convenu», a déclaré Ives. «Dans l’ensemble, cela a été un œil au beurre noir pour Musk et un film d’horreur pour Twitter (et ses employés) sans gagnants depuis le début du feuilleton en avril.»
