Nous avons rencontré Marjolaine Grondin, jeune Réunionnaise co-fondatrice et CEO de Hello Jam, une application utilisant l’intelligence artificielle pour recommander à la demande les meilleures idées d’utilisation de votre temps libre et de sorties sur Paris. Du haut de ses 27 ans, cette réunionnaise vient d’intégrer le classement Forbes des « 30 Européens de moins de 30 ans à suivre » en tant que CEO de la start-up Jam. Il faut dire que moins d’un an après sa sortie, sa start-up a déjà levé plus d’un millions d’euros auprès d’une dizaine de business angels.
Marjolaine, tu es fondatrice de l’application Jam. Peux-tu nous parler de ton parcours ?
J’ai co-fondé Jam lorsque j’étais encore étudiante, avec justement comme mission d’aider les étudiants dans leur quotidien : recherches d’appartements, de petits jobs, de stages ou de bons plans en tous genre. Cette idée est née de ma propre frustration lors d’un séjour académique à l’Université de Berkeley en Californie, et mon projet s’est affiné à mon retour en France, pendant mon Master à HEC et Sciences Po. Je me suis associée avec un ami ingénieur dès le début du projet, et nous avons lancé ensemble une plateforme d’échange intra-campus, nommée Blackbird. Une fois nos diplômes en poche, nous avons continué à développer ce projet et avons affiné notre vision, notamment grâce à un passage au NUMA. Et quelques mois plus tard, Jam est né !
Tu as récemment intégré le classement Forbes des “30 Européens de moins de 30 ans à suivre” en tant que CEO de la start-up Jam, t’y attendais-tu ?
En réalité c’était plutôt inattendu car il n’y a pas de formulaire à remplir ou de candidature à envoyer pour postuler à ce genre de classement. Je savais juste que quelqu’un dans mes contacts m’avait « nominée », il m’avait demandé il y a quelques mois de lui envoyer ma date de naissance et mon mail. J’ai donc eu la bonne surprise de voir que j’étais dedans le jour où le classement est sorti !
Quels sont les services offerts par Jam ?
Jam est un service basé sur de l’intelligence artificielle qui fonctionne via Facebook Messenger et qui recommande à la demande les meilleures idées d’utilisation de son temps libre et de sorties à Paris. C’est une sorte de meilleur pote social et culturel qui répond instantanément aux requêtes et recommande spontanément les dernières expos, les nouveaux restaurants ou encore le meilleur film du moment à regarder sous la couette quand il pleut… Jam est en permanence dispo et à l’écoute, 7j/7 et 24h/24.
Penses-tu étendre les services de l’application à d’autres pays, comme la Réunion par exemple ?
Jam est déjà disponible partout dans le monde ! En français pour l’instant, car le changement de langue sera un réel travail au-delà de la transposition. Le contenu dans Jam est nourri grâce à des “API”, c’est à dire des flux externes, à l’instar de La Fourchette, TripAdvisor, Facebook Places, Google API… Nous appliquons des filtres sur les contenus proposés afin d’avoir des propositions qui correspondent vraiment à l’état d’esprit de Jam ; c’est une réelle force d’avoir ses ressources : on peut utiliser Jam dans sa ville et en voyage, partout où l’on va.
Ayant passé une bonne partie de ta vie à la Réunion, pourquoi avoir choisi Paris et non l’ile de la Réunion pour lancer ce projet ?
Après le bac, j’ai fait mes études à Paris, et m’y suis installée depuis. Lorsque j’ai commencé Jam, j’ai naturellement crée la société à Paris. L’écosystème évolue très vite et est de plus en plus propice à la création d’entreprise et à leur développement. Mais j’entends de plus en plus d’échos sur le dynamisme de la Réunion sur l’entreprenariat ! J’ai hâte d’y revenir pour voir cela de plus près.
Selon toi et ton expérience au sein de ton entreprise, quel est l’avenir de ce type de services dans le monde ?
Il y a une réelle tendance de fonds autour de l’avènement des assistants intelligents, qui s’attachent à comprendre les intentions des utilisateurs à la source, plutôt que d’imposer une interface sous la forme de boutons, menus, etc.
Cette tendance est accélérée par 3 phénomènes simultanés :
- La lassitude des gens pour les applications (70% des occidentaux n’auraient pas téléchargé d’appli dans les 3 derniers mois),
- Les progrès en intelligence artificielle qui permettent d’ouvrir la voie à des interfaces intelligentes et intuitives,
- Et l’exigence d’un service de plus en plus personnalisé, presque unique, plutôt qu’un média ou service de masse.
Crois-tu en l’avènement de ce genre de projet dans l’Océan Indien d’ici quelques années ?
Sans aucun doute ! L’Outre-Mer est de plus en plus dynamique : j’ai pu échanger avec des entreprises installées qui cherchent à s’ouvrir à l’écosystème des startups, ainsi qu’à des espaces de coworking qui accueillent des entrepreneurs et freelances du monde entier. C’est le début ! L’application Jam est d’ailleurs disponible partout dans le monde, et progresse rapidement dans l’Océan Indien, n’hésitez pas à le tester et en profiter.