Excepté pour ses plages ensoleillées, sa météo agréable et l’ambiance généralement détendue, rares sont les fois où l’on entend parler de la partie africaine de l’océan Indien. Ainsi, il est peu probable que vous pensiez à cette région en tant qu’écosystème vivant, soutenu par une communauté active de startups, financé par des sociétés de capital-risque locales, désireux de juguler les entreprises locales. Quoi qu’il en soit, cette vision va évoluer dans un avenir proche, car il se passe quelque chose dans la région de la « Vallée tropicale ».
Comme c’est le cas pour de nombreux pays d’Afrique, l’océan Indien souffre d’une forme d’isolement qui empêche le grand public d’en savoir plus à son sujet. Les plus grands marchés régionaux, à savoir Madagascar, Maurice et La Réunion, sont des îles, en effet. Elles abritent une population relativement restreinte, tout en faisant face à un manque de financement et à des difficultés pour concrétiser leurs projets, en raison de leur éloignement.
Toutefois, malgré les obstacles rencontrés ces dernières années, cet écosystème affiche des changements positifs. Quelques exemples de réussite ont suffi pour motiver une nouvelle génération de jeunes entrepreneurs ambitieux, assoiffés de changements.
Madagascar, destination idéale pour les startups ?
Pour beaucoup, Madagascar est une destination marquée par la difficulté lorsqu’il s’agit de démarrer une entreprise. Toutefois, depuis la création du « hub d’innovation d’Habaka », des entrepreneurs locaux ont réussi à s’afficher et à briller sur la scène internationale, en remportant des concours tels qu’ANZISHA, African Youth Entrepreneurship. Ainsi, certaines équipes ont pu participer au Robot Olympics, qui s’est déroulé à Washington. Une autre startup locale a, quant à elle, participé à la finale du concours de pitching « Get in the Ring », organisé à Singapour. Le pays abrite aujourd’hui des studios de création de jeux vidéo. Par exemple, le Gazcar permet de faire la course dans une version 3D d’Antananarivo, la capitale malgache.
Madagascar a parcouru un long chemin semé d’embûche, mais l’énergie vibrante qui anime son peuple pousse ce dernier à persévérer et à mettre toutes les chances de son côté. De plus en plus d’entrepreneurs travaillent désormais au sein d’espaces de co-working, d’incubateurs et de FabLabs à travers le pays. Ils sont nombreux à considérer la création d’entreprise comme une manière de sortir de la pauvreté. Nous voici devant une nouvelle génération qui a émergé avec de nouveaux codes, portant l’espoir de tout un pays.
Cette nouvelle génération s’implique dans un certain nombre de projets tels que « Start-Up Weekends ». Il s’agit là d’occasions pour les jeunes entrepreneurs malgaches d’avoir un cadre pour la création de leur startup en moins de 54 heures. À la suite d’une première édition en mai 2013, l’expérience a été renouvelée en août dernier.
Avec une population de 22 millions d’habitants, majoritairement composée de jeunes, le concept de startup représente une occasion de créer des emplois qui contribueront au développement de Madagascar. Parmi les priorités, citons les 4 millions de Malgaches qui n’ont pas d’emploi, dont 70 % de jeunes. Les « Start-Up Weekends » permettent à la population de mettre en avant des idées, et de changer la donne. Parmi les projets les plus innovants qui ont marqué les esprits durant l’évènement, citons « Tômatsiro ». Il s’agit de la première marque de ketchup 100 % malgache. Si la production locale est inexistante, les matières premières sont bien là, en quantité, et de qualité.
Maurice, une Vallée tropicale ?
Entre-temps, à Maurice, les choses évoluent dans le bon sens, tandis que les acteurs internationaux commencent à découvrir le potentiel du pays. ConsenSys, leader dans le domaine des crypto-monnaies, a récemment annoncé être en discussion avec le gouvernement mauricien pour faire de l’île le premier pays Ether au monde. De son côté, Sigfox, l’un des premiers fournisseurs de services Internet des Objets (IoT – Internet of Things), vient de terminer le déploiement de son réseau sur l’île. Plus encore, le gouvernement mauricien vient d’annoncer des travaux majeurs pour le développement de l’infrastructure, l’amélioration de la connectivité, ainsi que le développement de projets dédiés aux villes intelligentes, avec un objectif en tête : créer un environnement favorable à l’innovation pour les startups.
Les autorités locales ont récemment mis en place un « Sand Box Schemes » ainsi que des visas startup. Les entrepreneurs peuvent ainsi venir prospérer grâce à des idées pionnières. Maurice est peut-être en passe de devenir une « Vallée tropicale », au sein de laquelle les startups peuvent facilement développer leurs idées, accéder à des financements, ainsi qu’à des réseaux internationaux afin d’évoluer dans la région.
La Réunion, île E-santé
Dernière destination et non des moindres, La Réunion a également eu sa part du gâteau en matière de startups ces dernières années. L’île a bénéficié de l’impulsion émise par le nouveau gouvernement français, désireux de faire de la France une Nation des startups. En ce sens, elle a pris le chemin de l’E-santé sous le label de la French Tech. Oscadi est l’une des têtes d’affiche de ce segment. Également l’une des finalistes de la compétition internationale TechCrunchDisrupt en 2016, la startup a reçu le financement nécessaire au développement du « premier échographe » pour iPad. De plus, la société a récemment intégré la précieuse Station F, plus grand campus d’accélérateurs de startups au monde.
Deux autres entreprises réunionnaises ont-elles aussi rejoint la plateforme créée par Xavier Niel : Bioalgostral et Torskal. Ceci démontre bien que l’expertise entrepreneuriale de l’île commence à être reconnue à travers le monde. Étant donné que la majorité des initiatives réunionnaises se concentrent principalement sur les marchés européens, les pays africains avoisinants sont perçus comme un potentiel de croissance.
Afin de mettre en valeur cette place centrale située entre le nord et le sud, la Réunion a accueilli début octobre NxSE, le Forum International de la Transformation Numérique. Cet évènement d’envergure internationale est unique en son genre. En effet, elle a rassemblé les acteurs digitaux de toute l’Afrique en un seul et unique endroit. L’objectif a été de développer l’économie réunionnaise tout en mettant en avant l’expertise numérique de l’île et en promouvant la coopération régionale et internationale à travers des opportunités d’affaires sud-sud et nord-sud. Au sommaire de cette deuxième édition : la santé digitale, l’industrie du futur, les villes et bâtiments de demain, le tourisme connecté ainsi que l’agriculture connectée.
Difficile de résumer en si peu de mots
Du fait de la diversité ambiante, il est difficile de parler de l’océan Indien à travers une simple présentation de la région et des pays associés. Madagascar est l’un des pays les plus pauvres du monde, tandis que la Réunion est un territoire français, sans parler de Maurice, économie en pleine croissance. Même en prenant chaque pays individuellement, il est compliqué de voir le potentiel de chacun. Néanmoins, l’océan Indien a beaucoup à offrir, chose dont de plus en plus d’acteurs internationaux se rendent compte. Qu’en est-il de vous ?