NFT est l’abréviation du terme anglais « Non Fungible Token ». Cryptokitties, le moins qu’on puisse dire, c’est que le nom intrigue. Issu de la contraction de « crypto » et de « kitties », chatons en français, le terme désigne un token, ou jeton en français, utilisé dans la blockchain de la marque Ethereum. Il s’agit d’un jeu de chats à collectionner créé en 2017 par Dapper Labs. Les chats en question ou cryptokitties sont ici des objets numériques à collectionner basés sur la technologie de la blockchain. Un token, ou un « jeton » est un actif numérique émis par une blockchain.
C’est un jeton non fongible. Par exemple, un bitcoin est fongible, échangez-le contre un autre bitcoin, et vous aurez exactement la même chose. En février, le créateur de Nyan Cat vendait un exemplaire de son travail pour 580 000 dollars, tandis que le crypto-artiste Beeple négociait sa dernière oeuvre représentant Donald Trump nu allongé dans l’herbe pour près de 6,6 millions de dollars, un record. Ces NFT sont aujourd’hui devenus incontournables sur le marché de l’art. Mais comment fonctionnent ces items numériques qui se repose, comme le Bitcoin, sur la Blockchain ?
Comment fonctionnent les NFT ?
À un niveau très élevé, la plupart des NFT font partie de la blockchain Ethereum. Ethereum est une crypto-monnaie, comme le bitcoin ou le dogecoin, mais sa blockchain prend également en charge ces NFT, qui stockent des informations supplémentaires qui les font fonctionner différemment d’une pièce ETH. Les NFT peuvent être n’importe quoi de numérique comme des dessins, de la musique, votre cerveau téléchargé et transformé en IA, mais l’engouement actuel porte surtout sur l’utilisation de cette technologie pour vendre de l’art numérique.
Le NFT va-t-il devenir comme une collection d’art ?
Blake Jamieson est un artiste de 26 ans, très connu outre-Atlantique pour ses peintures et sa clientèle composée notamment de sportifs professionnels. Ses tableaux sont vendus individuellement entre 10 000 $ et 15 000 $, ce qui lui permet de toucher un revenu annuel situé entre 100 000 $ et 150 000 $ minimum.
Poussé par certains de ses amis, Blake Jamieson a récemment décidé de s’essayer aux NFT. Pour cela, il a pris des photos en haute résolution de certaines de ses peintures les plus connues. Puis, il a déposé ces photos sur des plateformes de vente aux enchères NFT. En fait, son initiative est née d’une idée simple, celle de valoriser certaines de ses peintures anciennes en les numérisant. Ce qui rend les NFT si désordonnés. Certaines personnes les traitent comme l’avenir de la collection d’art.
Marché en explosion !
Tout ou presque peut être associé à un NFT. C’est ainsi que ces derniers mois, on a vu des tweets, des images, des vidéos ou des GIFs s’échanger sous forme de NFT. Ce nouveau marché fait beaucoup parler de lui et repousse toujours les limites. Par exemple, il y a quelques semaines, on apprenait qu’une joueuse de tennis avait vendu son bras sous forme de NFT. Les sommes en jeu sont considérables. Par exemple, le premier tweet à avoir été envoyé sur le réseau social s’est vendu pour 2,9 millions de dollars. Le 11 mars 2021, une œuvre d’art numérique appelée « Everydays : The first 5000 Days » s’est vendue aux enchères pour 69 millions de dollars. Pas mal lorsqu’on sait que l’enchère a débuté le 25 février 2021 à un prix de 100 dollars !
Les plateformes de NFT ne prennent pas de frais. Mais créer et vendre un NFT a quand même un coût. Il faut payer les frais de transactions effectués sur la blockchain Ethereum, quand vous « mintez » votre NFT et quand vous le vendez. entreprise ou un artiste, votre chiffre d’affaires sera égal à la valeur des ethers lors du paiement. Les créateurs de NFT ont voulu faire exactement l’inverse : une transaction stockée sur la blockchain qui soit non fongible, donc complètement unique. L’idée, c’est de pouvoir s’en servir comme d’un certificat d’authenticité associé à un objet digital ou physique.
L’avis de Pierre Fautrel : Oui c’est un peu ça. La différence c’est que comme le certificat est inscrit sur la blockchain, n’importe qui peut vérifier le propriétaire du NFT. L’autre facteur de cette explosion, c’est le contexte sanitaire. Le monde de l’art est à l’arrêt. Il n’y a plus d’événements, peu d’expositions depuis un an. Les artistes voient donc les NFT comme quelque chose à se mettre sous la dent. C’est aussi le cas des musiciens. Gramatik (DJ et producteur slovène qui a lancé sa propre devise numérique en 2017, ndlr) a vendu pour 1,5 million de NFT au mois de février. Il a commenté la vente en affirmant que cette rentrée d’argent allait lui permettre de sauver son activité, malgré l’arrêt des concerts. La période actuelle a accéléré les choses, c’est certain. Des artistes connus comme Obey commencent aussi à se lancer. Damian Hirst (l’un des artistes les mieux cotés au monde, ndlr) a indiqué qu’il acceptait désormais les cryptomonnaies.
Voici un autre témoignage de Hugo Caselles-Dupré La valeur est encore plus forte qu’un certificat d’authenticité classique. Car un certificat physique ne peut être identifié que par les personnes qui l’ont édité et des professionnels. Dans le cas des NFT, tous les maillons de la chaîne – collectionneurs, artistes, galeries, public peuvent vérifier ce certificat. Les œuvres perdent de la valeur. Une fois qu’un artiste reçoit les Ethers pour une vente, c’est à lui de choisir : soit il les convertit en dollars, soit il attend et prend le risque que le cours redescende. Il faut jouer avec cette volatilité. La difficulté, c’est de faire le tri entre les œuvres. Comme tout le monde peut se lancer, il y a une importante quantité de créations dont la qualité est inégale. Il y a un gros travail curatorial à faire. C’est pour cela qu’il y a des musées de crypto-art qui commencent à apparaître. Comme celui de Pablo Rodriguez-Fraile (Museum of Crypto Art ou MoCA), l’un des plus gros collectionneurs de crypto-art. Lui est à l’origine un investisseur en cryptomonnaies et a commencé à collectionner des NFT au tout début. Il sait maintenant reconnaître ce qui est de qualité.