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Portrait d’un Front-End architect

front end architect
Photo : Proximity BBDO

Originaire de France et âgé de 32 ans, David est Front-End architect et manager chez Proximity BBDO Indian Ocean. ICT.io lui a donné la parole afin de vous faire découvrir son parcours et son métier. Découverte.

 

David, tu es Front-End architect et manager. Peux-tu nous décrire ton métier ?

Mon métier est un mélange de développement Front-End et d’architecture web. Un Front-End s’occupe de toute la partie visible d’un site web. Tout ce que l’utilisateur voit dans son navigateur web et les interactions directes qu’il peut avoir avec un site web, un Front-End développeur utilise des langages de programmation pour créer cela. Je communique également pour ma part, avec les agences créatives
dans le but d’apporter une cohérence et le meilleur résultat possible entre l’idée créative et sa réalisation technique. Je m’occupe également des 20 Front-End développeurs que nous avons à Proximity BBDO Indian Ocean, en les accompagnant et en les formant au métier et à tous les domaines qu’il peut regrouper.

Tu dis être autodidacte : comment as-tu fait pour te former ?

Il faut avoir avant tout beaucoup de patience et ne jamais laisser tomber. Être autodidacte demande un investissement énorme, mais les récompenses viennent systématiquement avec le temps. J’ai commencé avec le web vers l’âge de 14 ans quand les sites web étaient à leur débuts. Les connexions internet étaient extrêmement lentes, les réseaux sociaux et les blogs n’existaient pas encore, mais il y avait déjà beaucoup de passionnés qui tentaient d’aider ceux qui voulaient apprendre.

Les livres ont été la première chose qui m’a permis de me former, je lisais avant au moins un livre tous les deux jours. Puis ces dernières années, les blogs, les articles sur le web, les vidéos de tutoriels m’ont permis de me former dans quasi tous les domaines liés à l’informatique presque sans presque avoir à sortir de chez moi.

 

 

Il faut avoir envie de progresser sans cesse. Pour moi, un développeur qui n’apprend pas au moins une nouvelle chose par jour est un développeur qui est en train de mourir.

Comment devient-on front-end developer ?

J’ai tendance à dire que le premier facteur est la passion, plus encore qu’avec certains métiers. Pour être développeur Front-End, il faut accepter de se remettre en question tous les jours et d’apprendre tous les jours. En plus d’une passion, il faut vouloir acquérir une certaine culture, une culture du web.

C’est comme si vous décidiez d’apprendre le japonais, mais sans rien connaître de la culture et de l’histoire du Japon, sans même avoir le désir de visiter le pays. Une personne ne peut souhaiter travailler dans le web, si elle ne se familiarise pas avec ce monde. Et très souvent, je rencontre des jeunes à qui nous n’avons pas pris le temps d’expliquer cela.

Le cursus universitaire de mon point de vue peut aider dans certains cas, mais ne doit jamais être vu comme suffisant. Aller à l’université, ressortir avec un diplôme et croire que l’on peut trouver un travail est une utopie dans le web. Si vous vous formez en continu, si vous pratiquez le maximum que vous puissiez, là oui, vous aurez de bonnes chances de trouver un travail et de continuer votre passion professionnellement.

Pourquoi avoir choisi l’île Maurice pour exercer ton métier ?

Je dirais que c’est plutôt l’île Maurice qui m’a choisi (rires). Je travaillais à Proximity BBDO Paris ces dernières années, et Proximity BBDO Indian Ocean m’a demandé de venir sur place pour être plus proche des équipes que j’accompagnais déjà à distance. Mon projet à l’époque était de déménager au Canada ou aux USA, mais j’ai accepté de retarder ce projet pour aider les équipes d’ici à grandir et à être autonomes.

 

 

Tu es également responsable d’une équipe. Peux-tu nous décrire une journée de travail ?

Les journées sont toutes très différentes. Je travaille toujours sur plusieurs projets en même temps. J’essaye de découper mon temps entre connaître les avancées des projets, former ou aider ceux qui en ont besoin et améliorer nos méthodologies et workflow. Je passe du temps avec certains développeurs, à faire une revue de leurs codes, les aider lorsqu’ils sont bloqués ou leur montrer comment en changeant de perspective, on peut parfois gagner beaucoup de temps dans l’exécution de ses tâches.

Je m’assure d’une cohérence sur l’ensemble des projets. Je tente de m’assurer que tout le travail en amont a été effectué et que les agences créatives sont en phase avec nos équipes techniques, tout cela à l’aide des project managers.

J’ai créé des « starter kits », des architectures permettant à tous les projets d’avoir un environnement similaire. Ainsi, un développeur peut passer d’un projet à un autre sans avoir à tout réapprivoiser. On a à la fois un gain de temps et une maintenabilité assurée pour l’avenir.

Je résumerai mon travail et ma passion comme étant au centre de ce qui permet de trouver des solutions à des problèmes et défis digitaux, tout en formant et aidant les développeurs Front-End à progresser et à devenir autonomes.

Tu as exercé dans pas mal de domaines avant d’arriver là où tu en es aujourd’hui. Pourquoi avoir choisi l’informatique et le web ?

J’ai commencé avec l’informatique et le web, et même si j’ai exercé dans des domaines comme le journalisme, la photo, le montage vidéo, j’ai toujours continué avec le web. C’est après avoir fait le tour de tout ce que j’aimais que j’ai dû faire un choix définitif. C’est grâce au « CV iPad » que j’ai réalisé en 2011 que j’ai pu approcher les agences web à Paris sans avoir de formation préalable dans l’informatique. Mon CV original a été ce qui m’a permis d’arriver là où je suis aujourd’hui.

 front-end developer

 

L’informatique et le web sont des domaines d’avenir, en constante évolution, mais qui sont incontournables et voués à toujours évoluer. On le disait déjà il y a 15 ans, on le dit toujours et encore plus aujourd’hui.

En plus de ton travail au quotidien, as-tu des activités en dehors qui soient liées au web ou à l’informatique ?

Je m’occupe d’organiser des meetups et ateliers de travail gratuits pour tous ceux qui souhaitent apprendre et progresser. Depuis que je suis à Maurice, j’ai pu créer le groupe Front-End developers Mauritius sur Facebook, le NodeSchool workshop et le groupe FreeCode Camp également. Ma volonté, tant que je suis encore à Maurice, est vraiment de pouvoir aider un maximum de personnes, jeunes et moins jeunes à adopter une culture du web et progresser dans ce domaine.

Ce qui est dommage, c’est que même si ces activités sont gratuites et me demandent du temps à organiser, nous avons lors des événements trop peu de personnes qui se déplacent. J’ai vu beaucoup de jeunes venir en entretien recherchant à apprendre davantage, mais ne profitant pas de ces opportunités qui n’existaient pas avant dans le Front-End.

Il y a une vraie sensibilisation à faire à l’Île Maurice, et comme je le disais dans mon article « The real status of web developer’s skills in Mauritius » sur medium.com, le « futur doit venir d’initiatives individuelles et collectives ».

Comptes-tu évoluer dans ce domaine ou changer de bord dans les années à venir ?

Changer non, évoluer toujours. J’adore former les personnes, les voir évoluer. Mais en même temps, je dois aussi suivre ce rythme effréné que sont les évolutions du web et des langages. J’aime énormément l’UX (Expérience utilisateur) et l’UI (Interface utilisateur) dont j’ai développé des compétences ces dernières années. Je dirais que j’aimerai à l’avenir plutôt être défini comme un Front-End User Experience developer, tout en continuant à former toutes les personnes que j’entoure.

Penses-tu que ton métier soit à la portée de tous ceux qui partagent ton profil ?

Comme tout métier et passion, tout le monde n’est pas forcément fait pour être développeur, mais je dirais que notre métier peut être à la portée de n’importe qui. Pour moi, il est essentiel d’être bien guidé dès le départ. À mon grand regret, et notamment à Maurice, nous avons beaucoup de jeunes qui s’investissent dans des études universitaires pendant trois ans sans être vraiment guidés.

Lorsque je reçois un jeune me disant aimer le Front-End, mais n’ayant aucun code ou exemple à me montrer c’est un peu comme s’il me disait adorer le vélo, mais n’être jamais monté dessus. Il y a dans le monde un manque énorme de développeurs, et je suis persuadé que beaucoup à l’Île Maurice pourraient être d’excellents développeurs à condition d’être vraiment guidés.

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