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Way home, le fin mot de l’histoire

Way home sold

Il y a quelque temps déjà, nous avions relaté l’histoire de cette application mobile, tinder like, pour trouver des propriétés à louer ou à acheter à l’île Maurice et de son créateur Olivier Thomas.

Olivier nous avait livré dans une note sur Facebook, une histoire qui nous avait fortement ému et qui est une source d’inspiration pour tout entrepreneur à Maurice. L’article n’étant plus en ligne (mais sur internet, rien ne disparaît jamais vraiment), nous lui avons demandé l’autorisation de le reproduire dans un article. Nous sommes heureux de vous le livrer ci-dessous, dans sa version intégrale (traduite de l’anglais), car il aurait été vraiment dommage qu’un si beau témoignage se perde. Enjoy 🙂

Titre Original : My Naked Life

Les gens entendent mon nom, mais savent-ils qui je suis ou même d’où je viens?

J’aurais aimé débuter cette histoire d’une manière extraordinaire, mais c’est juste mon histoire que je vais partager avec vous aujourd’hui.

Serge Thomas, mon père, d’après ce que j’ai entendu, était un homme intelligent et dévoué à son travail. Il a rencontré ma mère, Lilette Albert, qui étudiait à l’île Maurice. Maman était une femme magnifique, qui venait de cette resplendissante petite île, Rodrigues, un conglomérat de la République de Maurice.

Serge et Lilette ont eu un beau mariage. Maman est tombée enceinte durant la première année, et le petit Oliver Michael Thomas était en route. Quelle joie intense cette nouvelle apportait déjà à la famille. Avec des ancêtres du Mozambique, de l’Inde et de France, j’allais être un véritable mélange. Un vrai Mauricien. Je suis né le 28 mai 1993, de deux parents qui étaient réellement amoureux l’un de l’autre.

Quelques mois après ma naissance, papa a été opéré d’un cancer de la gorge. J’avais seulement 9 mois, je ne me souviens donc pas vraiment de cette période, qui a dû être particulièrement difficile à traverser pour ma famille. Cela a dû être terrible pour ma mère, qui, après seulement 2 ans de mariage, se retrouvait déjà veuve. Papa était contremaître dans la sucrerie de F.U.E.L. Après le décès de papa, maman a acheté un appartement à Beau Bassin, avec l’argent qu’elle avait reçu pour la pension de mon père.

Noël était « ma » fête. Maman faisait tout pour me rendre heureux. J’ai beaucoup de souvenirs de cette période, que ce soit des hélicoptères ou encore des répliques de voitures de course, je cassais toujours tout après quelques jours. Nous étions heureux, jusqu’à ce que maman commence à se sentir mal. Elle ne pouvait plus monter les escaliers de notre appartement sans s’arrêter toutes les 2 minutes. Je devais l’attendre et cela m’ennuyait. Je me souviens du jour où maman est tombée malade et s’est évanouie. Le petit garçon de 5 ans que j’étais courut chez la voisine pour demander de l’aide.

Maman a alors été diagnostiquée avec une tumeur. J’étais encore un enfant et elle s’est démenée au travail pour me donner le meilleur. Elle a fini par rejoindre mon père un peu plus tard, en laissant un jeune garçon de 5 ans à la merci du monde. J’ai ensuite été adopté par mon oncle et ma tante. Mon nouveau papa, un policier, a beaucoup pris  soin de moi, me donnant toute l’attention et le cadrage nécessaires. Atteignant l’âge de 15 ans, en pleine période d’adolescence rebelle, j’ai commencé à boire, à fumer et même à être un pro du séchage de cours, jusqu’à ce que mon oncle découvre mon petit stratagème.

J’ai déménagé chez mon oncle à Curepipe, changé d’école, pour passer du public à un établissement privé. Les changements n’ont pas tardé à se faire sentir. Moi qui avais l’habitude d’être dernier de la classe, avec l’aide nécessaire de la Morning Star School, j’ai fait d’énormes progrès durant la première année, pour devenir premier de ma classe en deuxième année. J’allais à l’église tous les dimanches. Je vendais des crêpes et lavais des voitures pendant mes vacances scolaires jusqu’à l’âge de 17 ans où j’ai arrêté l’école pour travailler chez un tour-opérateur. Je voulais rentrer dans la vie active, car, pour moi, la meilleure école c’était le terrain. J’ai étudié le marketing à temps partiel à l’institut Charles Telfair, tout en travaillant à mi-temps. De là, j’ai travaillé dans différents secteurs tels que l’assurance, la restauration, ou encore la location automobile.

À l’âge de 19 ans, je suis tombé si raide dingue amoureux d’une fille, que j’ai fini par lui demander sa main, contre la volonté de nos deux familles, car elle avait 7 ans de plus que moi. Elle m’a finalement quitté, j’avais le cœur brisé et vide. Je suis tombé en dépression profonde, songeant même à mettre fin à mes jours. J’ai alors quitté mon travail, mon église et ma maison pour aller vivre seul.

J’ai vécu une vie débridée plusieurs mois durant, avant qu’on ne me propose un poste de réceptionniste à l’hôtel Dinarobin. J’ai accepté, non sans difficultés, mais cela a été le début d’une nouvelle vie avec des bases saines, et grâce à l’aide de toute ma famille, j’ai été hors de danger. J’ai travaillé là-bas pendant un an.

J’ai ensuite obtenu un meilleur emploi chez Sofap Ltd. Cependant, la directrice m’a renvoyé, car elle ne m’appréciait pas. C’est après avoir été congédié que j’ai eu l’idée de créer ma propre entreprise, créant ainsi l’application Wayhome. J’ai travaillé à plein temps dans cette entreprise, et j’ai rassemblé toutes mes économies, fait des emprunts autour de moi pour ce projet. Après plusieurs articles dans Business Mag, l’Express et ICT.io, j’ai finalement trouvé une bonne occasion de vendre Wayhome. C’était l’un des plus beaux jours de ma vie. J’ai eu le sentiment que cette idée, sur laquelle j’ai travaillé pour la rendre concrète, était appréciée par quelqu’un d’autre, et que cette personne était disposée à l’acheter.

Durant la création de mon application, j’ai eu beaucoup de difficultés à subvenir à mes besoins, et n’avais même pas de quoi me nourrir. Encore plus drôle, pour sortir avec ma petite amie, j’empruntais de l’argent à mes meilleurs amis : merci à vous les amis.

Pensiez-vous que c’était le pire ? Alors qu’elle était encore en vie, ma mère avait souscrit un prêt de 200 000 Rs auprès de la MHC.ltd pour faire quelques rénovations dans la maison qu’elle a laissée peu de temps avant sa mort. L’assurance de la banque a refusé de payer le solde après son décès. J’ai donc hérité de cette dette qui a augmenté au fil des années. En 2016, ma maison allait être saisie, j’avais 21 ans et une dette de près d’un demi-million de roupies. J’ai vendu la maison juste à temps, et j’ai remboursé mes dettes.

Je suis resté fort comme à mon habitude. J’ai toujours voulu être avocat, mais je n’ai jamais eu assez d’argent pour financer mes études. Avec la vente de mon application et l’argent restant après le remboursement de ma dette, j’ai pu commencer mes études. Je suis maintenant fier d’être étudiant en droit à l’Université de Londres, et plus qu’heureux de vivre une partie de mon rêve.

Après beaucoup de travail, de dévouement et de volonté, j’ai maintenant suffisamment d’argent pour payer mes études, j’ai même une voiture (assez vieille, je dois dire, mais quand même), un beau bateau, et une maison bientôt en construction à l’ouest de l’île. Tout cela à l’âge 24 ans, mais la route est encore longue.

Si j’écris ce poste ce n’est pas pour me vanter du peu que j’ai, mais seulement pour encourager les jeunes à toujours continuer d’avancer dans la vie malgré les épreuves, à prendre les choses positivement et surtout, le plus important, d’être toujours désireux de réaliser et de se donner les moyens d’obtenir ce qu’ils souhaitent.

Mon objectif est d’être le Premier ministre de Maurice. Cela peut sembler absurde, mais j’y crois vraiment. Nous verrons bien ce qui se passe, mais je suis déterminé à le devenir.

Il y aurait beaucoup plus à dire, mais il est près de 2 heures du matin, et j’ai du travail demain. Je termine là-dessus, merci d’avoir lu mon post. Ecrivez-moi si vous voulez en savoir plus.

Auteur : Oliver Thomas

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